Geert Iserbyt - Les gens dans l'agriculture, 2021

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Geert Iserbyt, Dottenfelderhof am 23. Juli 2021. Hier klicken um zum Video zu gelangen

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Introduction

Mon nom est Geert Iserbyt, j'habite en Belgique en Flandre et là je suis formateur dans une formation en agriculture biologique et biodynamique. Maintenant on est ici à Dottenfelderhof près de Frankfurt en Allemagne avec un de nos groupes d'étudiants dans la formation qui sont entre la première et la deuxième année. On reste ici toute une semaine pour vivre la vie dans la ferme. On a des tours guidés dans les différentes parties de la ferme et les différentes activités et en même temps on travaille à la ferme avec les gens d'ici. Comme ça pendant toute une semaine on apprend la manière de vivre dans une ferme en communauté et en biodynamie. Les gens qui suivent chez nous la formation ce sont des adultes entre 20 et 50 ans, même plus, et très souvent ils ont déjà fait autre chose dans leur vie.

Les nouveaux fermiers

La plupart de ces personnes ne sortent pas d'un milieu agricole donc ce sont des fermiers et des fermières nouveaux comme on dit; donc ils changent vraiment leur vie, ils font le choix de vouloir entrer d'une manière professionnelle, pas amateur mais vraiment professionnelle, en agriculture biologique et même biodynamique. Et voilà nous, on leur offre une formation de deux ans et demi dans laquelle ils apprennent à connaître les bases théoriques de l'agriculture biodynamique aussi bien que la pratique. Ils font beaucoup de stages individuels dans des fermes et entre la première et la deuxième année on vient ici avec tout le groupe et comme ça pendant toute une semaine on a un stage collectif. Les gens qui suivent la formation chez nous ont fait avant des choses très différentes. Il y en a qui ont déjà fait des études académiques en agriculture, qui sont ingénieurs agricoles, mais qui n'ont presque jamais eu des cours en agriculture écologique ou en agro-écologie.

Changement de carrière

Il y en a d'autres qui ont fait des choses tout à fait différents, qui sont architectes ou qui ont travaillé dans des instituts thérapeutiques ou quoi que ce soit et à un certain moment dans leur vie ils font vraiment un choix assez conscient :

Voilà je veux changer ma vie, je veux construire quelque chose, je veux apporter quelque chose au niveau du développement mondial écologique et faire quelque chose qui est vraiment pratique et qui apporte vraiment quelque chose non seulement en théorie mais vraiment en pratique.

Et c'est là qu'ils nous trouvent et qu'ils viennent nous demander : Est-ce que je peux entrer dans la formation? Alors on leur demande toujours de faire d'abord un pré-stage parce que la plupart d'eux ont très peu d'expérience agricole et pour que ce choix serait vraiment un choix qui est approfondi on leur demande de faire d'abord un stage et comme ça la plupart des gens qui entrent dans la formation ont vraiment ressenti : oui, je veux me former en agriculture biologique et biodynamique à un niveau professionnel.

Alors pendant deux ans et demi on fait tout un voyage ensemble et souvent pour eux c'est un changement total dans leur vie à plusieurs niveaux. Souvent beaucoup d'entre eux ont travaillé dans un bureau à l'intérieur et n'ont jamais fait beaucoup de travail physique. Donc pour eux c'est vraiment un changement principal dans leur vie : entrer dans l'agriculture, entrer dans une vie au rythme de la nature, faire un travail pendant toute la journée, qui est un travail où tout le corps est lié au travail … Donc tout ça c'est différent pour eux et puis découvrir que l'agriculture biodynamique ce n‘est pas seulement une question de produire des produits pour manger, c'est une manière de cultiver la nature, de cultiver le sol, de cultiver les plantes, les animaux et de faire ça d'une manière où l'homme n'est pas seulement un facteur dans le processus de la production, mais l'homme lui même se donne dans tout ce travail en étant fermier ou fermière à partir d'une inspiration spirituelle, d'une manière spirituelle de voir le monde entier. Toutes ces inspirations là on applique ça dans la pratique de l'agriculture et donc là pour eux aussi, les gens qui suivent la formation chez nous, c'est une découverte qu'une vision spirituelle sur le monde on peut appliquer ça d'une manière très pratique dans l'agriculture; qu'il n'y a aucune raison de séparer ça, qu'on peut travailler d'une manière très pratique, très opérationnelle et en même temps être inspiré et voir que tout est lié dans la ferme et dans la nature. En étant homme on est là dedans, on n'est pas séparé; ce n'est pas l'homme vis-à-vis de la nature, mais l'homme dans la nature et la nature dans l'homme. Et ça c'est très beau pour nous en étant formateur et pour moi en étant formateur de pouvoir accompagner les gens dans ce voyage là.

L'approche biodynamique

Moi ce qui me touche fort dans la biodynamie c'est qu'à tous les niveaux on veut faire développer, faire évoluer les éléments de la nature et de la ferme, aussi bien le sol, la plante, l'animal et l'homme; les quatre éléments qui font la ferme, qui créent ensemble l'organisme agricole. C'est énorme ce qu'il y a là comme vie dans le sol et le fait de ne pas traiter le sol comme quelque chose qui est uniquement minéral mais de vraiment stimuler la vie dans le sol et de voir la différence entre un sol vraiment vivant et un sol mort; ça c'est vraiment, ça touche et si on aurait des doutes on est directement persuadé quand on voit la différence. La même chose se passe au niveau de la plante, il y a une très grande différence; quand on voit la sélection ici à Dottenfelderhof et Bingenheimer Saatgut; on a vu le travail qu'on fait pour sélectionner des nouvelles races et le travail qu'on fait pour développer une plante non seulement comme quelque chose qui est utile pour nous, pour manger ou pour faire autre chose, mais vraiment cultiver la plante, une plante qui n'est pas une plante sauvage mais une plante qui est vraiment développée comme une plante qui développe des qualités nutritives mais aussi des qualités d'une beauté. Donc le fait de développer. Et au niveau de l'animal ici aussi à la ferme on voit la manière dont on traite les vaches par exemple chaque vache a un nom chaque vache est traitée comme un individu et non seulement une vache qui fait partie d'un troupeau. Donner l'élément en étant homme, en étant un être individuel, donner cet aspect d'individualité à l'animal. Là aussi on fait un pas vers un développement qui va plus loin et en étant homme là aussi nous on n'est pas rien qu'un animal on a la capacité d'avoir une vue globale sur le monde entier, une vue même cosmique, une vue spirituelle sur tout ce qui est autour de nous et donc chaque fois on voit que dans cette approche de la biodynamie qu'on essaye d‘ élever le sol, élever la plante, élever l'animal, élever l'homme et ça pour moi c'est vraiment principal et c'est ce qui m'inspire et ce qui me fait faire ce que je fais quoi.

Les défis de l'agriculture classique

Et en même temps moi j'habite dans une région où il ya vraiment une agriculture très classique et tous les jours je vois en même temps comment il y a des formes des pratiques en agriculture où le sol devient mort où la plante est nourrie uniquement d'une manière minérale avec des engrais synthétiques, où l'animal -j'habite dans une région où il y a plein de cochons et plein de poules dans des étables qui ne sortent jamais- donc je vois où l'animal devient presque une plante et je vois comment les gens de plus en plus sortent de l'agriculture tandis que nous on forme des gens qui entrent dans l'agriculture et je vois qu'il y a tellement de gens qui sortent de l'agriculture parce qu'il n'y a plus, on ne sait plus gagner sa vie, il n'y a plus de place on mécanise on automatise les choses. Donc là on voit l'inverse ce qui se passe chaque fois : le sol devient mort, la plante devient minérale, l'animal devient presque une plante et l'homme il n'a plus de place là dedans. Donc cette contradiction, c'est quelque chose que je vois là où j'habite; et puis dans la formation et dans les fermes avec lesquelles on était en coopération ce qu'on fait là pour moi c'est une base d'inspiration et de motivation pour plutôt aider les gens à créer une nouvelle vague dans le monde agricole.

L'avenir de l'agriculture

Pour moi l'avenir le futur dans l'agriculture c'est, bon c'est clair, c'est écologique, mais ça c'est plutôt la base, disons une agriculture respectueuse vis-à-vis de la nature, c'est presque évident pour moi. Puis il y a autre chose : il faut que l'agriculture devienne de nouveau une agriculture saine au niveau économique; il faut que les gens savent vivre de l'activité agricole. Et là dans notre formation la plupart des gens qu'on forme, après ils choisissent pour les circuits courts parce que dans les circuits courts c'est possible de gagner sa vie de demander un prix juste et souvent dans les circuits longs, les supermarchés, les produits bio qui font tout un voyage de la ferme jusqu'au consommateur ou ‚consomacteur‘, là ce n'est presque pas possible pour les fermes de toucher un prix juste. Donc premièrement c'est durable au niveau écologique, deuxièmement au niveau économique, mais même ça pour moi c'est presque quelque chose de base, que c'est sain au niveau écologique et économique. Mais ce qui est très important pour moi pour l'avenir de l'agriculture, c'est que l'agriculture devient de nouveau une activité sociale, c'est à dire qu'on arrive à lier de nouveau l'agriculture et les fermes aux gens qui consomment les produits, qui sortent des fermes. On dit maintenant qu‘en 2050 presque 75 ou 80 % des gens vont vivre dans les villes au monde entier. Donc là il y a un problème, comment on va lier les gens dans les villes aux fermes, qui sont souvent loin des villes. Donc là pour moi c'est vraiment une tâche pour l'agriculture de l'avenir; de lier de nouveau l'agriculture aux gens dans la ville. Et comment on fait ça; chaque pays, chaque région doit chercher les moyens pour faire ça. Il y a des mouvements qui ont un potentiel très fort pour l'avenir: il y a le mouvement de community shared agriculture comme on dit en anglais, donc une agriculture qui est vraiment portée par les consommateurs et là on voit que la plupart des gens que nous on forme, eux ils vont vraiment pour ce modèle là de ne pas produire pour les grandes boîtes mais de vraiment savoir pour qui ils produisent et dans la région en Flandre en Belgique où nous on vit c'est une région fort peuplée et sur presque dix ans il y a une augmentation de fermes en modèle community supported agriculture de 0 à 60 dans notre région où il y a beaucoup de gens des villes qui viennent même eux-mêmes récolter les produits sur le champ dans les fermes et donc là on sent vraiment qu'il y a un mouvement social et un mouvement dans la société qui fait que la conscience change. Les gens qui viennent avec les enfants dans les fermes qui voient comment les produits, comment tout ça ça pousse, on voit d'où sort et d'où vient la nourriture qu'on consomme et qu'on achète. Et alors il y a toutes sortes de choses qui changent quand le consommateur est de nouveau lié à la ferme. Il y a le problème économique qui change parce que le consommateur comprend qu'il faut payer un prix juste; ce qui fait aussi qu'on peut produire d'une manière plus écologique. Donc l'écologie, l'économie et la question sociale tout ça, ça va ensemble.

Formes juridiques et propriété des terres

Et puis encore autre chose qui pour moi est très principale : c'est la question des formes juridiques autour des fermes. C'est à dire les questions de propriété parce que les terres agricoles et tous les terres disons, les terres à bâtir aussi, tout ça c'est devenu propriété privée. Mais l'agriculture c'est une activité qu'on fait déjà depuis dix mille années et c'est quelque chose qui ne se fait pas de génération en génération mais c'est quelque chose qui se fait sur des centaines et des milliers d'années et le fait que les terres agricoles sont en propriété privée et que chaque génération vend les terres à la suivante génération c'est quelque chose qui ne marche pas du tout. Il y a les banques qui gagnent bien leur vie avec ça mais l'agriculture n'a pas d'avantage avec ce système là, donc il faut vraiment qu'on arrive à créer des formes juridiques et des formes de propriété collectif avec lesquelles il ne faut plus chaque génération revendre la ferme et qu'on peut continuer une agriculture durable dans des formes juridiques durables, qu'on peut transmettre comme ça facilement à l'autre génération, la génération suivante sans devoir racheter la ferme et racheter les terres agricoles.

Appel à la jeunesse

Je vois que les dernières années il y a de plus en plus de gens qui veulent faire quelque chose dans le cadre d'une agriculture durable, une agriculture saine, une agriculture écologique, biologique, biodynamique; et il y a surtout beaucoup de jeunes gens qui voudraient entrer là dedans d'une manière professionnelle ou en tout cas gagner leur vie en faisant ça et faire vraiment quelque chose qui est bien pour le monde entier et il y en a beaucoup qui sont en train de chercher comment je peux faire ça. Mais souvent ils n'ont pas les compétences -là il n'y a pas de problème, on peut apprendre ces compétences- mais souvent ce qui est le plus difficile pour eux, c'est de voir et de comprendre comment on peut faire, comment on peut développer une activité agricole qui est économique, qui est sain au niveau économique; qu'on peut vraiment gagner sa vie. Il y a beaucoup de jeunes gens qui vont faire des stages dans des fermes ou comme bénévoles ils vont travailler dans des fermes et ils espèrent d'acquérir des compétences comme ça, mais souvent ce n'est pas assez; il faut vraiment développer des compétences de base et vraiment apprendre la théorie de base du métier, du métier agricole. Et là il faut vraiment dire que pour pouvoir -quand on ne sort pas d'un milieu agricole- pour pouvoir vraiment entrer là dedans, il faut vraiment se former, bien se former et ça là il y a il y a des possibilités dans toute l'Europe et dans beaucoup de pays du monde il y a des formations qui sont bien conçues pour pendant deux ans, trois ans, quatre ans on apprend, on a des cours théoriques, on fait des stages, beaucoup de stages -on ne sait pas apprendre l'agriculture en faisant ou en ayant uniquement des cours théoriques ou surtout pas à un niveau académique- il faut vraiment aller dans les fermes, travailler dans les fermes avec les fermiers qui ont l'expérience et là il y a pas mal de formations dans tous les pays en Europe et je conseille vraiment les jeunes gens qui veulent entrer dans l'agriculture biologique ou biodynamique d'aller suivre une formation pareil.

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