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Les bases de la biodynamie - 1ère conférence de Vincent Masson, 2024
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Transcription de la 1ère conférence du 21 novembre 2024
Présentation 00:00:23
Je vous accueille ici dans un endroit qu'on a fait pour ça. Je vous raconte un tout petit peu de mon histoire parce que c'est ce qui m'amène à vous parler. J'ai grandi sur une ferme en biodynamie à peu près un kilomètre derrière vous. Le village de Château, ce n'est pas le village de la famille sur des générations, mais en tout cas, moi, depuis la naissance, oui.
Mon père avait démarré la biodynamie dans les années 70 avec une recherche à l'époque qui était celle de l'autonomie, c'est-à-dire que c'était la période du retour à la terre, de se libérer de la dépendance aux firmes, aux intrants, etc. Et lui qui avait commencé une carrière de conseiller agricole en chambre d'agriculture, quand il a fait son retour à la terre, il a rencontré des gens qui parlaient de biodynamie, qui parlaient justement de, vous savez, une des grandes idées de base de la biodynamie, c'est l'idée d'organisme agricole.
Comment est-ce qu'on peut, au sein d'une ferme, organiser ce qu'on va avoir en termes d'élevage, en termes de culture, pour avoir des fonctionnements en cycle, c'est-à-dire pour minimiser le besoin d'intrants. Et ça, c'est une des grandes idées de la biodynamie. Alors, on verra aussi que quand on parle de vignes en général, on s'éloigne fortement de ça. Pas que pour la vigne, beaucoup d'autres cultures. Par exemple, j'étais la semaine passée dans le Sud Tyrol, donc grosse zone de production de pommes au nord de l'Italie. On parle de monoculture.
Il y a plein de manières différentes de faire de la monoculture. Et donc, on essaiera aussi de voir comment est-ce qu'on peut raccorder les domaines tels qui sont constitués aujourd'hui avec cette idée de l'organisme agricole. En tout cas, c'est la recherche initiale de mon père de constituer un domaine agricole qui permette d'être autonome en fumure, d'être autonome en fourrage, et puis d'arriver à entretenir autant que possible un état sanitaire convenable, que ce soit pour les cultures ou pour le bétail.
Donc, ça a donné une petite ferme. C'était à peu près 25 hectares, très diversifiée. Beaucoup d'animaux différents, beaucoup de cultures différentes. Donc, c'est super et ça marchait super bien. Sur des sols très pauvres, la fertilité s'est bien développée. Beaucoup de gens sont venus voir cette ferme comme une ferme modèle.
Et ça marchait super bien, mais sauf que vous faites la traite deux fois par jour, tous les jours. Et qu'au bout de quelques années, ça, c'est quelque chose d'épuisant quand c'est qu'une activité parmi plein d'autres. Donc, il y a eu des évolutions et la ferme a été vendue.
Mon père a commencé ensuite une carrière à la demande de vignerons de Bourgogne, dont pour ceux du domaine de chez Jean-Claude Rateau. Jean-Claude faisait partie de cette équipe-là. Ils sont venus le trouver en lui demandant s'il voulait bien les accompagner pour passer en biodynamie ou pour évoluer dans la biodynamie selon les domaines.
Ça, c'est le courant des années 90 ou même le début des années 90. Alors, il a commencé par refuser parce qu'il ne connaissait rien à la vigne. Moi, je viens d'une famille où il n'y avait pas de bouteilles de vin ni sur la table, ni à la cave. On n'en consommait pas. Évidemment qu'il leur a dit « moi, je n'y connais rien de rien, je ne peux rien faire pour vous. » Ils ont assisté et ils ont fini par trouver une manière.
Lui a dit « ok, on ne fait que du travail en groupe, ça nous permettra d'avancer beaucoup plus vite. Et on met en place des essais, des comparatifs sur tout ce qu'on change comme pratiques par rapport à ce que vous faisiez jusqu'à présent. Comme ça, on va regarder, est-ce qu'on observe des résultats, qu'est-ce qu'ils y sont ? Et ce travail-là, il a été mené pendant longtemps, ça ne s'est pas arrêté en fait.
Une dynamique expérimentale 00:03:58
On continue à faire beaucoup cette logique d'essais, des essais de terrain, des choses assez simples mais qui répondent à la fois, vous, quand vous changez de pratique sur un domaine, qu'est-ce que ça change ? Ou alors, si on a une problématique immédiate, problématique de saison, problématique d'eau plante, de je ne sais pas quoi, qu'est-ce qu'on peut trouver comme réponse ? Avec une recherche qui est toujours de trouver des réponses simples. Et c'est ce que la biodynamie propose, les préparations, c'est un truc un peu compliqué, on verra, on prendra le temps d'en parler largement. Mais ce ne sont jamais des choses coûteuses, ce ne sont jamais des choses qu'on est obligé de se procurer, c'est des choses qui permettent l'autonomie, c'est-à-dire qu'on peut se les procurer, on peut les fabriquer aussi.
Et donc ça, ça restera toujours dans la logique de ce qu'on essaie d'explorer pour répondre à des questions de terrain. Donc voilà, cette dynamique d'expérimentation, toujours présente, et vous en verrez pas mal de résultats, ou dans beaucoup de choses que je raconte, c'est basé sur ces choses-là. Et je dois dire que parmi vous, la plupart des noms de domaines que j'ai entendus, il y a quand même beaucoup de gens parmi vous dont des personnes sur les domaines ont participé à ces travaux, à ces expés, il y a de l'historique, même si on ne se connaît pas forcément de manière directe.
Quand il a commencé à faire du conseil, mon père, une base de la biodynamie, on a évoqué la première base qui est l'organisme agricole, la deuxième base, il n'y a pas d'ordre, c'est les préparations biodynamiques. Donc ça, en fait, si j'ai bien saisi, tout le monde connaît. Plus ou moins, mais je ne vous parle pas de quelque chose de complètement inconnu.
Et les préparations biodynamiques, on peut les faire, ça peut être fait, c'est souvent fait dans des groupes régionaux. En France, il y a plus de 50 groupes qui sont répertoriés, dans lesquels des gens se retrouvent pour élaborer les préparations. Et puis, il y a aussi des élaborateurs professionnels, c'est notre cas, c'est ce qu'on fait ici.
Sauf qu'à l'époque, dans les années 90, les élaborateurs professionnels, en termes de qualité de préparation, c'était très, très loin de ce que mon père souhaitait utiliser. Donc, il fabriquait des préparations avec d'autres fermes, sur une échelle géographique d'une grosse région, on va dire. Et moi, quand j'étais gamin, on participait à ça, une journée à l'automne, une journée au printemps, c'était des moments sympas.
Et donc, quand il s'est agit de trouver des préparations pour les domaines avec qui il bossait, il voulait la qualité qu'il estimait optimale. Et donc, il s'est mis à faire des préparations pour ces gens-là. Puis, les choses se sont développées.
Biodynamie Services 00:06:40
Moi, je l’ai rejoint en 2005. Je finissais des études dans d'autres domaines, dans le domaine du droit et de l'économie. Et on a monté l'entreprise, Biodynamic Services, en 2005, avec un corps de métier qui n'existe pas, élaborateur de préparation biodynamique.
Donc voilà, nous, on transforme de la bouse de vache, des plantes qu'on cultive de plus en plus au fil du temps, et qu'on transforme. Et puis, on a tout un tas d'activités corollaires. C'est des éditions, des bouquins. Vous verrez, au fond de la salle, il y a des bouquins. Il y a ceux qu'on a écrits, nous, qui sont beaucoup des ouvrages techniques. Et puis, il y a des ouvrages qu'on a décidé de traduire parce qu'on estimait que c'était intéressant.
C'est bien joli de faire du boulot, mais nourrir un peu la réflexion, nourrir un peu la compréhension des choses, c'est des choses qui sont importantes. Et puis, un peu de petits matériels. On fait pas mal de plantes sèches pour les tisanes. On fait des semences pour les couverts végétaux. Donc, il y a une petite diversité. Mais notre activité de base, c'est l'élaboration des préparations biodynamiques.
Et puis, moi, je fais pas mal de... Je me balade pas mal en hiver pour raconter comment on fait, où on en est des savoirs, pour aider soit des gens à démarrer, soit à faire un petit point d'étape dans les pratiques biodynamiques. Donc, le but du jeu dans ces deux jours, c'est de vous présenter ce que c'est que la biodynamie de manière suffisamment approfondie. Et pour moi, il y a à la fois le côté pratique, c'est-à-dire ce que vous vous faites quand vous utilisez les préparations.
Donc là, au fil du temps, les savoirs ont avancé, ont évolué. On commence à avoir des savoirs assez précis. Alors, ça veut pas dire qu'ils vont pas continuer à évoluer. Mais on sait aujourd'hui que, quand on fait les choses de manière précise, on a une efficacité qui suit les applications de préparation. Donc ça, on regardera de manière détaillée ces connaissances-là.
Mais avant d'en venir à ça, j'estime qu'il est important, quand on veut parler de biodynamie, de comprendre un petit peu dans quel contexte ça démarre. Parce que c'est pas vieux, ça a 100 ans. On est dans l'année où on célèbre le centenaire du début de la biodynamie. Et donc, pourquoi ça démarre ? Qu'est-ce que c'est que... Quelles sont les problématiques du moment, au niveau historique ? Historique sur le plan agricole, agronomique.
Et puis, sur quelle pensée ça se base ? Je pense qu'il n'échappe à personne que l'idée de mettre de la bouse de vache dans des cornes de vache, pour qu'elle subisse une transformation, et qu'elle devienne une substance, quand même, avec une efficacité, une activité assez incroyable. Vous voyez ce qu'on fait avec 100 grammes de préparation, bouse de corne ou bouse de corne préparée. Pour comprendre un petit peu, pour avoir des éléments de compréhension de ça, il faudra qu'on regarde quelques... qu'on discute un petit peu de la pensée de Steiner, Rudolf Steiner, qui est le penseur qui est à l'origine de la biodynamie, pas que de la biodynamie, d'autres choses aussi.
Donc, on va explorer un petit peu des choses de ce côté-là, ce matin. J'aime bien quand on part avec des outils pour la pratique, puis des outils qu'on peut ruminer aussi quand on passe l'hiver, dans le tracteur, ou à tailler, ou des choses comme ça. C'est bien ! Voilà, donc, pour ce qui va occuper nos deux jours, vous interrompez quand vous avez envie.
Les questions sont les bienvenues. Il y en a pour lesquelles probablement les réponses arriveront dans la suite, mais dans ce cas, je vous le dirai, il n'y a pas de souci. Voilà. Alors, si on veut ... démarrer ... Petit aspect tout à fait pratique. On vous a présenté les lieux ? Non, pas encore. Alors, juste une petite parenthèse.
Alors oui, on vous a demandé de laisser les portables dans les voitures. J'ai vu qu'Aline Merci l'avait mis dans le mail d'invitation. C'est pour vous offrir des vacances. Deux jours sans portable, en général, c'est super.
Ici, le travail avec les préparations biodynamiques, ça veut dire qu'on essaye d'éviter de les exposer à tout ce qui peut les perturber. Et ce qu'on appelle les hautes fréquences, donc tout ce qui est lié aux ondes des téléphones portables, mais aussi de la Wi-Fi, d'un certain nombre de choses comme ça, ça fait partie de ce qu'on évite au maximum dans l'environnement des préparations.
Donc quand vous êtes du côté des voitures, on peut utiliser, il n'y a pas de problème. Et puis dès qu'on arrive sur le côté des bâtiments qui sont face à la vallée, c'est là qu'on a des préparations qui sont stockées à pas mal d'endroits, et donc c'est là qu'on évite. Mais quand on fait des pauses, vous pouvez aller consulter, il n'y a pas de souci.
Autre aspect pratique, les toilettes. Derrière cette porte, il y a un couloir et il y a une porte où c'est indiqué. Il y en a également en contournant le bâtiment, en descendant, il y a une porte avec une petite vitre en haut. C'est les vestiaires, il y a ce qu'il faut là-bas.
Au-delà de ça, je pense qu'on est pas mal, on aura un repas super, normalement c'est super. On a un restaurant bio à Cluny et ça c'est une chance, ils nous font des repas, donc on ira chercher ça et on prendra ça dans la salle à manger où vous avez pris le café ce matin. Petite pause dans la matinée, petite pause dans l'aprêm quand on ressent le besoin et on est bon.
Alors voilà, principes, pratiques et résultats, c'est ce qu'on va essayer de couvrir dans les deux jours. Je vous indique tout de suite deux sites internet parce que ça me permet de vous y renvoyer après de manière assez simple. www.biodynamie-services.fr, ça c'est le site de l'entreprise et on va trouver là-dessus, dans ce qui nous concerne là, plutôt des fiches techniques. Il y a une page documentation, il y a des fiches techniques. Ce que je vais vous raconter sur l'utilisation de la silice, de la valeriane, de la prêle, on peut retrouver ces éléments-là qui sont détaillés de manière assez complète dans ces fiches techniques.
L’association Soin de la Terre 00:13:00
L'association Soin de la Terre, c'est une structure qu'on a montée en 2010 avec l'idée que quand on fait de l'expérimentation, c'est bien joli, on le fait pour soi, mais on avait envie que la dynamique expérimentation-recherche de l'entreprise ne soit pas privée, qu'elle soit dans un cadre plus ouvert, plus public. Une association pour ça, c'est assez sympa. www.soin-de-la-terre.org, là-dessus, vous trouverez beaucoup de documents en lien soit avec les travaux de recherche qui ont été effectués par des stagiaires par exemple dans les dernières années, les travaux de recherche qu'on a effectués au sujet de la régénération de la vigne.
On a fait tout un travail pendant pas mal de temps sur la régénération de la vigne par semis d'oeil. On verra, peut-être qu'on aura l'occasion d'en discuter, je ne sais pas. Il y a tout un tas d'articles, il y a tout un tas d'ouvrages, il y a pas mal de littérature pour laquelle je me permettrais de temps en temps de vous dire si ça vous branche, allez voir, là-dessus, il y a de la ressource qui est disponible.
Expérimentations de terrain 00:13:59
Et pour dire quelques mots en plus au niveau de la recherche, il y a l'expérimentation de terrain que j'évoquais tout à l'heure, donc ça c'est ce qu'on va faire sur un domaine parce qu'il y a une problématique. On est en 2015, il fait super chaud, les plantes commencent à souffrir, qu'est-ce qu'on fait ? Par exemple, chez toi c'est Fabrice qui est beaucoup venu sur ces réunions-là où on allait voir les parcelles, on a été sur les parcelles du domaine aussi, voir un petit peu qu'est-ce que ça donne, on discute à un moment donné de la saison, on met en place des essais, et puis à un moment on se retrouve en groupe et on va observer, et on apprend beaucoup.
Donc là on est très loin de la recherche institutionnelle, on cherche pas avec ça une validité scientifique, mais on a des apprentissages de terrain qui sont extrêmement précieux. Avec ce type d'expérimentation, on peut obtenir des résultats qui donnent envie d'aller plus loin, donc ça c'est ce qu'on a beaucoup fait avec des stagiaires, quand vous avez des gens qui ont besoin de faire un mémoire de fin d'étude, et donc qui vont reprendre un essai pas très compliqué, mais qui vont le mettre par contre avec suffisamment de répétitions pour avoir une validité statistique, ça nous permet d'asseoir un petit peu des connaissances qui auraient pu paraître un peu légères autrement.
Recherche avec des partenaires institutionnels 00:15:07
Donc ça c'est une autre dimension de ce qu'on fait en termes de recherche, et puis la troisième dimension, c'est ce qu'on fait le plus en termes de partenariat, pour le coup avec des institutions. Donc là on verra, on aura sûrement l'occasion d'en parler, ça peut être pas mal que je prenne le temps, mais si ça vous intéresse, vous avez ici un petit poster où on présente par exemple ECOVITISOL, pas mal de vos domaines ont participé à ECOVITISOL, c'était avec l'INRA de Dijon, et puis quelques autres partenaires, on a été sur 150 domaines entre l'Alsace et la Bourgogne, 50 domaines conventionnels, 50 bio, 50 biodynamie, aller regarder qu'est-ce qui se passe en termes de santé de la vigne, qu'est-ce qui se passe en termes de microbiologie des sols, avec des résultats qui font plaisir en ce qui me concerne, et qui donnent envie de passer en biodynamie, pour le dire très rapidement, mais on prendra peut-être le temps d'explorer quelques résultats.
Vous avez ici, qui est présenté également, un travail qu'on a fait toujours avec l'INRA de Dijon sur le cuivre, l'impact du cuivre sur les sols. On a une espèce de criminalisation assez importante des vignerons et des arboriculteurs bio par rapport à l'usage du cuivre, et on a fait un travail à l'issue duquel on a pu montrer que les quantités de cuivre métal par hectare que vous utilisez chaque année ne posent absolument aucun problème. Aucun, aucun problème.
Ça se raconte beaucoup que ça pose des problèmes, mais jamais personne ne l'a montré dans aucune situation. On a montré qu'il y avait des problèmes terribles liés au cuivre quand on utilise 200-400 kg par an et par hectare, ou alors dans des conditions bien précises. Également, on peut rediscuter de ça si on veut, mais je pense que c'est important.
Aujourd'hui, le cuivre est un sujet extrêmement politique, et c'est pour ça qu'on avait fait ce boulot-là, c'était pour essayer d'y voir un peu clair. On a une publication très récente qui date de février 2024 avec l'université de Kassel en Allemagne. C'est une équipe de chercheurs qui a exploré le microbiome du sol sur des parcelles où on compare bio et biodynamie.
Ils ont fait ça sur pas mal d'effets en Allemagne. De mémoire, une bonne trentaine de comparatifs en Allemagne. Et puis, nous, on leur a fourni en France 23 situations un peu réparties dans toute la France, dans différents types de cultures, où il y a des comparaisons bio-biodynamiques.
Il y en a qui sont très jeunes, il y en a qui sont depuis des années. Et eux, ils ont essayé de regarder qu'est-ce qui se passe dans le sol. Dans le sol, les micro-organismes vont générer des substances qui vont aider les plantes à pousser ou aider les plantes à se défendre.
Ils ont été mesurer ces choses-là. Je vous présente maintenant, puisqu'on en parle, un petit peu des résultats de ça. C'est quelque chose qu'on va trouver... On en est à 2 publications au sujet de ce travail.
C'est l'étude des préparations biodynamiques et des micro-organismes promoteurs de la croissance des plantes. Et puis, on va voir, il y a aussi ceux qui aident aux défenses. Ici, vous avez une petite synthèse.
Les essais en France, c'est sur 23 sites. Les essais à Frankenhausen, je crois que c'est sur 16 sites. Et vous avez à chaque fois, en vert, ce sont les comptages issus des parcelles bio, en rouge, des parcelles biodynamiques.
Donc des parcelles comparatives à chaque fois. Vous avez dans la 1re partie les hormones microbiennes, auxine, cytokinine et gibbérelline. Là, on parle des stimulateurs de la croissance des plantes.
Ici, on est sur des substances qui aident les plantes à s'adapter au stress. On est toujours dans des situations dans lesquelles plus, c'est mieux. Ici, ce n'est pas toujours le cas.
Et ce qu'on peut voir, c'est que du côté biodynamique, on est toujours à des teneurs supérieures à la bio. Quand vous avez une étoile, ça veut dire que c'est significatif. Quand vous avez 2 étoiles, c'est très significatif.
Quand vous avez un T, c'est une tendance, c'est-à-dire qu'on est presque significatif. En un coup d'oeil, on voit des choses qui se différencient beaucoup et de manière marquée. Ça fait partie des résultats qu'on est content d'avoir, qui parlent d'une réalité dont je vais vous parler d'une toute autre manière.
Profil à la bêche 00:19:47
Mon approche d'un sol, c'est plus quelque chose qui se base là-dessus, en allant regarder avec des coups de bêche. Pour moi, le coup de bêche est super qui permet de regarder soi-même son sol, d'apprendre au fil du temps et ça parle beaucoup. Quand je vous montre des résultats, c'est un autre regard porté sur la même réalité de ce qui se passe dans un sol.
Cette image-là, on la commentera de manière assez précise histoire de voir ce qui est évident en termes de différence visuelle, ce que ça veut dire par rapport au fonctionnement du sol, de la plante, des micro-organismes. C'est une situation de comparaison bio-biodynamie avec une année de pratique biodynamique qui induit cette différence-là. Tous les domaines sont en biodynamie ?
Attends que je reprenne... Biodynamie... Oui... Il y a eu des moments... Oui, chez vous depuis longtemps... Là aussi... Oui, depuis très longtemps là-bas... Bon, très bien. Ça veut dire que vous êtes tous sur des domaines où il n'y a plus d'essais de démarrage à faire. Si on veut faire des essais de ce type-là, comparer bio et biodynamie au niveau des sols, il faut le faire sur une parcelle neutre qui n'a jamais vu de préparations biodynamiques.
Ce qu'on fait en général quand on est en Bourgogne pour ça, c'est qu'on va chez un voisin qui est en bio et on fait un essai sur un morceau de sa parcelle. C'est les manières les plus répandues pour que ce soit simple. Je vous propose de commencer par le commencement et de regarder un petit peu... Je vous ai dit que la biodynamie, on était dans l'année du centenaire.
Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ? Il est important de regarder un petit peu les évolutions agricoles des années qui précèdent, des décennies qui précèdent. Parce que c'est ça qui va amener à des réactions. La biodynamie est la première agriculture bio qui est définie pour dire qu'on ne veut pas les évolutions qu'a prises l'agriculture dans les dernières décennies.
Comment est-ce qu'on peut faire autrement ? Il faut identifier ce qu'on ne veut pas, pourquoi, et comment on peut faire différemment. Les réactions viennent en particulier suite à des évolutions. Ce qui est listé là, on peut observer que dans la fin des années 1800, on a une spécialisation de l'agriculture, on a une intensification de l'agriculture.
On a commencé à utiliser pour la fertilisation d'abord des sels solubles, ensuite des sels de synthèse. On a observé très rapidement qu'on avait un approvisionnement des sols en termes de fertilité, de plus en plus de sols compacts, de plus en plus de maladies des cultures, de maladies des animaux d'élevage. C’est apparu très rapidement. Entre 1900 et 1920, ce sont des observations communes sur les domaines agricoles dans lesquels on est en avance sur le progrès agricole.
Ce n'est pas le cas de toute l'agriculture en Europe, mais là où on a des gros domaines agricoles, souvent des propriétés de familles d'industriels par exemple, c'est là qu'on va avoir les moyens d'être en avance, et c'est là qu'on va observer en premier les phénomènes que je vous ai racontés là, que je vous ai brièvement décrits, et également des problématiques de dégénération des semences. On observe qu'on perd la capacité, la faculté germinative des semences se réduit énormément. On a beaucoup de questions qui se posent en fait.
Pour comprendre ça, je vais vous parler un peu de nutrition des plantes. Je pense que c'est un aspect important. Alors, comment une plante se nourrit ? C'est quelque chose qui est à la fois très simple et à la fois ça peut amener à des questions inattendues.
Nutrition des plantes 00:24:27
Vous savez qu'une plante, dans son fonctionnement nutritionnel, dans ce qui passe par les racines, vous avez une partie qui concerne l'eau et une partie qui concerne les nutriments. Alors, en ce qui concerne l'eau, c'est très simple. La plante prend par ses racines, transpire par ses feuilles, et tout cela se passe sous l'influence de la chaleur solaire.
Vous avez ici la chaleur qui est le pilote de tout ça, c'est-à-dire que là, avec des températures comme on avait ce matin, c'est très calme, mais plus il va faire chaud, plus ça va s'activer. Et une plante, pour fonctionner en bon équilibre, a besoin d'absorber une eau qui soit pure. La partie nutriments, quand vous avez... C'est pas très actif maintenant, là.
Tiens, d'ailleurs, il neige. C'était prévu. Bon, enfin des ambiances hivernales.
Alors, écoutez, si jamais on est coincé par la neige, on a de quoi nourrir, abreuver et loger tout le monde, il n'y a pas de problème. Donc pas d'inquiétude. Au printemps, quand les sols vont se réchauffer, l'herbe va se réactiver.
On va passer de l'hiver à l'herbe de printemps. Vous allez avoir des petites racines blanches, toutes fines, qui vont se développer, qui sont les racines nutritives. Et elles vont aller chercher la partie nutriments.
La plante densifie, crée de la substance 00:26:24
Alors , petite question pour s'amuser. Dans ce qui constitue une plante, entre la partie aérienne et la partie souterraine, est-ce que vous avez une idée de la proportion, du pourcentage de la substance que fabrique une plante dans sa vie qui vient du sol, qu'elle prend dans le sol ? Ouais, même pas. Encore moins.
Alors, c'est des chiffres qui varient. Toutes les connaissances évoluent, elles varient, mais on a quand même un consensus assez bien calé sur l'idée qu'on est sur du 6-8%. 6-8% qui viennent du sol.
Quasiment rien. La plante, dans son fonctionnement, constitue sa substance, et ça, c'est intéressant. J'imagine que beaucoup parmi vous ont entendu des choses comme il faut que la plante puisse s'ouvrir au cosmos.
La plante entre Terre et cosmos. Vu l'âge du début de la biodynamie sur la plupart des domaines, vous avez sûrement entendu des choses comme ça. Qu'est-ce que ça veut dire ? Souvent pas grand-chose, ou alors on est vraiment coincé si on doit essayer d'expliquer le truc.
Eh bien, regardez. Une plante, pour fabriquer sa propre substance, l'activité principale, c'est ce qu'on appelle la photosynthèse. Là, je n'ai pas besoin de vous l'expliquer, on connaît.
La photosynthèse, ça veut dire qu'on va transformer du CO2, il nous faut de la lumière, et au travers de ça, la plante va fabriquer plein de choses, dont des choses qu'elle utilise pour se construire elle-même et des choses qu'elle utilise pour alimenter le sol qu'on appelle des exudats racinaires. Je dis des choses, c'est pour être générique. C'est beaucoup de sucre, pas uniquement, mais beaucoup.
Les exudats racinaires vont être émis par les racines des plantes et vont aller alimenter toute la vie de micro-organismes. C'est pareil, si on veut discuter. Micro-organismes, c'est un super grand terme pour tout, c'est pratique, ça parle de plein de choses très diversifiées, dans les sols, en l'occurrence.
Une plante, elle est constituée en moyenne, vous avez environ, le carbone, ça représente 42% de ce qui constitue ma plante. Vous allez ensuite rajouter l'oxygène, l'hydrogène et vous avez à peu près 45% de votre plante. Vous rajoutez l'azote, ça représente à peu près 3%.
Et là, on est en train de parler de substances que la plante va prendre dans son environnement aérien. Pour certaines, il faut que ça passe de l'environnement aérien par le sol. C'est le cas de l'azote, par exemple.
C'est le cas pour une partie de l'eau, dans le cycle de l'eau, où le passage par le sol est nécessaire ou bien utile. En tout cas, toutes ces substances-là viennent en premier lieu de la périphérie aérienne. On peut rajouter à ça 6% de phosphore et de potasse.
On peut rajouter 3% calcium, magnésium, soufre, sodium et puis 1% d'oligo-éléments. Dans ça, il y a une partie, dans ces derniers éléments-là qu'il y a une partie qui font partie de ces 6 à 8% qui sont pris dans le sol. Mais toute la partie qu'on a vue en premier vient de la partie aérienne.
C'est-à-dire que la plante, dans son activité de croissance, c'est une fabricante. Elle fabrique de la substance à partir de choses qui ne sont pas palpables. On ne sait pas palper la chaleur, la lumière.
Vous savez que quand on respire, à chaque inspiration, on prend à peu près 20% d'oxygène qui nous intéresse et puis 80% d'azote qui ne nous intéresse pas, qu'on ne garde pas. On sait qu'on est dans un environnement là où, si on pouvait le rendre visible, on aurait 80% du volume de cette pièce quand on arrive le matin rempli d'azote. On ne sait pas le voir.
La plante sait transformer des choses impalpables, invisibles, impondérables, qui n'ont pas de poids, en de la substance. Dans son activité, c'est une densificatrice. Elle densifie, elle met en forme physique des substances.
C'est quelque chose d'assez intriguant. Ça permet, quand on regarde une plante, quand vous rentrez dans une de vos parcelles, de se dire que toute la partie physique de la plante a été construite par une activité vivante à partir principalement de la périphérie. Petit regard sur la plante.
Les engrais solubles 00:31:44
Si on revient maintenant à la notion de nutrition de la plante, quelles sont ces évolutions qu'on a évoquées, avec d'un côté les aspects de nutrition soluble, d'un autre côté, ensuite, les engrais de synthèse. Alors, une plante qui a les conditions idéales pour être en bonne santé, elle va prendre de l'eau pure sous la dictée de la chaleur solaire, et elle va prendre des nutriments sous la dictée de la chaleur et de la lumière. Ça veut dire que les moments où elle se nourrit et les moments où elle boit, ce n'est pas les mêmes.
Quand je vous dis une plante qui est dans des conditions optimales, c'est-à-dire qu'elle régule ce qu'elle prend en termes de nutriments, elle cherche des choses précises, et pour que ça puisse se dérouler, il faut qu'elle ait du stock de nutriments à disposition, mais sous forme non soluble. C'est ce qu'on fait quand on développe un sol avec une bonne teneur en humus. Ça veut dire qu'on a des particules d'humus dans le sol qui vont contenir des nutriments Quand je vous dis dans une forme pas soluble, on peut tout à fait imaginer ce qui se passe avec une éponge.
Quand vous avez de l'eau dans une éponge, elle reste. Il faut presser pour que l'eau sorte. Il faut que ces petites racines blanches viennent chercher dans ces particules d'humus les nutriments qui les intéressent.
On a pour ça des comportements de la plante. Une plante est capable d'orienter ses exudats racinaires, c'est-à-dire de fabriquer des exudats racinaires en fonction des micro-organismes qu'elle veut stimuler dans son environnement. Ça peut être fait en fonction des besoins nutritionnels qu'elle a. Ça s'appelle la mobilisation active des nutriments par la plante.
C'est des choses qui ont été montrées par un agronome allemand qui s'appelle Edwin Scheller. Edwin Scheller, dans un livre très bien documenté, montre que la plante est capable de favoriser les micro-organismes qui l'amènent à se nourrir avec ce dont elle a besoin à deux conditions. Il faut que le sol ne soit pas trop compacté.
Il faut qu'il y ait des conditions suffisamment aérobies dans le sol pour que ça marche. Un sol compact, ça ne marche plus. La deuxième condition est très intéressante.
Ça ne peut pas fonctionner quand il y a des excès d'azote. Quand il y a excès d'azote, on bloque cette capacité de la plante à gérer la fertilité de son environnement, à gérer son rapport à la fertilité de son environnement immédiat. L'excès d'azote est une des problématiques généralisées dans l'agriculture actuelle.
On a une logique extrêmement répandue de dire qu'il vaut mieux en mettre plus. Si on veut des rendements maximaux, il faut mettre des intrants en termes de fertilisation au niveau maximal. C'est une logique très répandue.
J'ai vu ça la semaine dernière avec les pommiers. On essaie de sortir le maximum de prod, on va mettre le maximum d'intrants et on va voir ce que ça donne. Ce sont des comportements qui bloquent la génération de fertilité dans un sol.
Cette génération qui peut se faire provoquer par la plante. Ce sont des petits détails qui sont intéressants. Quand on arrive à une nutrition soluble, je vais amener mes nutriments solubles.
En général, il s'agit d'engrais. Cela peut aussi être de l'engrais de ferme. Si vous utilisez du fumier frais ou des composts très jeunes, vous avez des choses tout à fait solubles.
Je vais avoir les nutriments qui sont sous une forme dans laquelle elle va se lier à l'eau. Elle va être absorbée avec le cycle de l'eau de la plante. Plus il fait chaud, plus ma plante va boire et manger.
C'est un peu la même logique que si je respirais des nutriments en même temps que j'inspire. Je n'ai pas le choix, il faut que je respire. A chaque fois que j'inspire, je me gorge de substances.
Le déséquilibre arrive rapidement dans ces cas-là. C'est ce qu'on observe pour la plante. Les nutriments solubles font à la fois un excès de nutrition de la plante.
On le voit beaucoup à la taille des feuilles, à la couleur des feuilles, souvent des verres sombres, et à leur fragilité. Au-delà de ce qui vient dans la plante, les nutriments solubles génèrent des problématiques de lessivage, de pollution, des nappes phréatiques, des eaux de surface, des eaux de profondeur. C'est un tas de problèmes corollaires liés à l'utilisation de sels solubles.
Les sels solubles, pour vous donner une idée, on commence dans les années 1830 à importer pour l'agriculture européenne du guano qu'on va prélever au large du Pérou. On commence à importer du salpêtre qu'on va chercher dans le désert d'Atacama au nord du Chili. Dans les années 1830, on a déjà des bateaux qui importent ce qui va devenir des intrants pour la fertilisation de l'agriculture d'une partie de l'Europe.
Les engrais de synthèse 00:37:18
Cela veut dire que ce n'est pas nouveau quand on parle d'engrais solubles. Ce qui amène ensuite à l'utilisation d'engrais de synthèse, ce qu'on appelle communément des engrais chimiques, c'est les découvertes d'un certain Justus von Liebig qui est encore une référence dans les cours d'agronomie. Justus von Liebig, dans les années 1860, va montrer que oui, effectivement, une plante peut se nourrir par la voie soluble.
Il ne va pas du tout estimer que c'est la manière juste de le faire. Bien au contraire, sur la fin de sa vie, il va essayer de montrer que ces découvertes ont amené à des évolutions de la fertilisation agricole qui ne sont pas convenables, qui ne sont pas justes et qui sont problématiques. Mais les découvertes de Liebig vont permettre à des industriels de travailler sur la production d'engrais solubles et qui vont être des engrais de synthèse.
Engrais soluble, en gros, vous prenez des substances qui se sont construites dans les cycles naturels. C'est le cas du guano, c'est le cas du salpêtre. Engrais de synthèse, on va reconstituer des substances comme ça, mais par des processus qui sont en dehors du monde de la nature.
C'est là qu'intervient l'industrie. C'est ça qu'on appelle des produits, des engrais chimiques ou des engrais de synthèse. La substance qui a été le plus étudiée par rapport à ça, c'est l'azote.
On a de l'azote dans l'atmosphère et la plante en a besoin. Ce n'est pas une proportion énorme de ce qui constitue la plante, mais si on veut que ça y aille, cette partie-là est indispensable. Quand on a commencé à fabriquer de l'azote de synthèse, c'était pour faire des explosifs.
Quand on a réussi à transformer la fabrication d'explosifs pour que ça devienne une fabrication à destination agricole, on s'est ouvert à un marché extraordinaire. Ça induit dans la plante. Si j'amène maintenant de l'azote de synthèse, qui est donc soluble, j'ai donc une nutrition forcée de la plante et je retrouve dans la sève de la plante de l'azote libre, c'est-à-dire une forme non transformée d'azote.
A chaque fois qu'on ingère quelque chose, l'infime partie de ce qu'on a mangé hier qu’on garde dans l’organisme, est complètement transformée. Rien n'est reconnaissable. S'il y a quelque chose de reconnaissable, c'est qu'il y a un énorme problème métabolique.
Pour la plante, c'est pareil. Ce qui devient une substance plante a été transformé. Quand on a de l'azote libre, ça veut dire qu'on a de l'azote qui n'a pas été complètement transformé.
Francis Chabousssou 00:40:00
Vous avez une personnalité du monde de la recherche française, quelqu'un qui s'appelle Francis Chaboussou. Francis Chaboussou a beaucoup travaillé sur ces questions-là. Il était directeur de station à l'INRA de Bordeaux, dans une des stations INRA de Bordeaux.
C'est quelqu'un qui a été actif entre grosso modo les années 1930 et les années 1980. Dans une période pendant laquelle on a vu une intensification des pratiques agricoles, une accélération de ce que je suis en train de vous décrire. Je suis en train de vous décrire des tout-débuts.
Chaboussou s'intéresse à un truc en particulier. Il observe que beaucoup d'insectes existaient dans l'environnement des cultures depuis longtemps, mais dans les années récentes sont devenus des parasites. Ils étaient là, ils ne nous posaient pas de problème.
Tout d'un coup, ils sont toujours là, mais ils se mettent à consommer les feuilles ou les fruits de nos cultures. Qu'est-ce qui se passe ? Il étudie le comportement nutritionnel de ces insectes-là. Il trouve qu'on va avoir des insectes piqueurs qui viennent se nourrir sur les plantes, des champignons, des cryptogames, qui trouvent leur place sur une plante à partir du moment où ils trouvent dans la plante des substances qui les intéressent.
Ce que montre Chaboussou, c'est qu'en changeant le type de fertilisation, on génère dans la plante la présence ou non de substances intéressantes pour ces insectes et pour ces cryptogames. Si on veut regarder de manière très simple le rôle d'un cryptogame dans l'environnement, les champignons dans notre environnement sont des dégradeurs. Un champignon qui vient se poser sur une feuille, ça vous donne un signal que la feuille n'est pas en bonne santé.
Le champignon vient juste jouer son rôle de relancer la boucle. Ça repart dans l'environnement pour faire un point de départ. Ce n'est pas très sympa quand on est vigneron et qu'on vient de se prendre une année difficile en termes de cryptogames.
Néanmoins, ça revient à une base fondamentale. Est-ce qu'on peut faire une agriculture où on met le végétal dans un état de bonne santé ? Ou est-ce qu'on passe notre vie à se battre contre des cryptogames sans savoir quel est leur boulot ? Ils ont un boulot dans notre environnement. Il ne faut pas non plus se culpabiliser à fond.
On est tributaire de beaucoup d'autres choses. Ce n'est pas seulement notre boulot dans la saison qui pose problème. Toute la manière dont on a sélectionné les plantes, c'est une partie énorme de la fragilité de nos vignes en l'occurence, mais les pommes ont le même type de problématiques.
La sélection, c'est comment on peut au fil du temps faire évoluer une plante ou un animal vers les critères qu'on a choisis, par exemple les critères de robustesse. Mais pour revenir à ça, j'ai avec Chaboussou la démonstration du fait que c'est bien la fertilisation, le type de nutrition du végétal, qui va induire des fragilités plus ou moins importantes. Chaboussou est quelqu'un qui publie beaucoup.
Vous avez plusieurs ouvrages de Chaboussou sur le site de Soin de la Terre dont vous pouvez disposer. Chaboussou est très peu publié dans la littérature scientifique française parce que quand il amène ces découvertes-là, dans la période que je vous ai évoquée, c'est un peu problématique. Il n'est pas tout à fait le bienvenu.
Il faut regarder les choses comme elles sont. L'INRA, pendant des décennies, a entretenu le système agricole majoritaire qui était en train de se mettre en place. On n'allait pas au sein de l'INRA désinguer l'utilisation de fertilisants de synthèse.
A l'époque, ce n'était pas tellement le job. Chaboussou est beaucoup plus connu dans les pays étrangers qu'en France. C'est pour ça qu'on a mis en ligne les bouquins qu'on a pu récupérer de lui pour lesquels on a pu avoir l'autorisation de le faire parce que c'est super intéressant.
Ce n'est pas très compliqué à lire. Ce que tu viens de décrire, c'est ce qu'on fait dès qu'on utilise des engrais solubles. Quand on utilise des engrais de synthèse, en plus d'avoir un trop-plein, on a des formes qui ne sont pas complètement assimilables et qui exposent la plante à être consommée.
Ce type de problème a amené au développement des insecticides mais aussi des fongicides et des pesticides de manière générale. Tous ces produits en "-cide", qui est un suffixe qui vient du latin et qui veut dire tuer, pour faire pousser une plante, on a commencé à avoir besoin de tuer pas mal de ce qu'il y avait autour d'elle. Les herbicides viennent dans la même logique.
C'est quelque chose qu'on connaît très bien sur les plantes pérennes. Quand je commence à amener ma fertilisation en surface comme ça, les systèmes racinaires vont se développer de manière très superficielle. Je pense que le monde de la vigne donne pour ça beaucoup de terrains d'observation, des racines superficielles, très peu de racines profondes.
Cela génère des problèmes de concurrence dès lors que vous avez de l'enherbement ici puisque les racines vont être dans des zones où tout le monde cherche la même chose au même endroit. Cela pose des problèmes quand on veut travailler ces sols. Un gros problème au moment de la conversion, dans beaucoup de situations, un peu moins maintenant.
Un problème majeur de ça, c'est que si je développe des systèmes racinaires en plateau, cela veut dire que j'ai des mortalités de racines profondes. J'ai beaucoup moins de racines profondes, voire plus. Or, les racines, c'est ce qui permet à la plante à la fois de forer le sol, cela nous fait des canaux dans lesquels vont pouvoir passer, une fois que la racine est morte, de l'air, de l'eau.
Cela permet d'alimenter en exudats racinaires et de venir nourrir. A quoi servent ces exudats racinaires ? En gros vous envoyez des sucres, vous envoyez de l'énergie pour nourrir tout un tas d'organismes dans le sol qui sont capables de bosser. Deux activités principales.
Une, transformer toutes les matières organiques en éléments disponibles pour la plante pour qu'elle puisse se nourrir. De deux, aller libérer à partir de la roche-mer des minéraux pour lesquels la plante va avoir besoin des fruits de leur dégradation. Ces micro-organismes-là sont dans l'ensemble dépendants d'une bonne oxygénation, de suffisamment d'eau, mais pas trop, et d'énergie, les exudats racinaires.
Quand je n'ai plus de système racinaire profond, je ne nourris plus tout ce monde-là. Et j'ai des sols qui se compactent. Je n'ai plus personne pour venir faire l’aération. Si il peut y avoir des vers de terre.
Mais j'ai des sols qui vont aller vers des problématiques de compaction rapide. D'abord, désactivation biologique, puis compaction. Et ça, c'est les trucs qu'on observe déjà dans le début des années 1900.
Donc c'est des choses qui sont rapides, ce n'est pas des choses qui mettent des années. Le fait d'utiliser de l'azote de synthèse a des effets extrêmement rapides. Et ça, c'est des choses qui vont être reconnues.
Quand on regarde un petit peu les développements de l'agriculture, souvent on a déjà, d'une part, l'impression que les évolutions en termes de fertilisation, les grosses évolutions de ce type-là se positionnent après la Seconde Guerre mondiale. En réalité, ça commence bien avant. Et on a l'impression qu'on a pris conscience tardivement de ce qui se passait.
Résultats inquiétants de l’évolution des pratiques en fertilisation 00:48:21
Mais pas du tout. Si vous aimez l'histoire, allez regarder les historiens de l'agronomie. Vous avez une femme qui s'appelle Céline Pessis, qui est passionnante, et qui vous fait un historique de la problématique de l'humus chez les agronomes français.
On découvre que dans les années 1930, en France, on a des associations d'agronomes et aussi des associations qui rassemblent des agronomes et des médecins. Et ces gens-là tirent des sonnettes d'alarme pour dire attention, les pratiques en termes de fertilisation avec l'azote de synthèse sont des pratiques qui, en l'espace de très peu de temps, amènent à la mort des sols. Pourquoi les médecins s'intéressent aussi à ça ? C'est parce qu'ils observent que quand on travaille sur des agricultures où on ne fait pas attention à la teneur en humus des sols, on le ressent de manière extrêmement rapide sur la qualité des aliments qu'on consomme et sur la santé des humains.
Là, on est dans les années 1930, et on est dans des gens qui sont organisés, qui publient, qui alertent sur ce genre de problématiques. Donc ce n'est pas du tout des découvertes récentes. Il y a des choix politiques qui ont été faits.
On sait qu'au sortir de la Seconde Guerre mondiale, on a un choix qui est fait par le gouvernement et le ministre de l'Agriculture en particulier, qui est de dire, en fait, on connaît à ce moment-là les incidences, les problèmes qui sont générés par l'agriculture qu'on va développer, mais on fait le choix de se positionner sur une agriculture de production et d'exportation, donc d'aller vers quelque chose que la majorité des agronomes français à l'époque réprouvent. Voilà, super intéressant de savoir ces trucs-là. Alors Céline Pessis, vous trouvez des articles, vous trouvez aussi des vidéos sur Internet, faciles à trouver et super intéressants. Voilà ce qu'on peut dire pour un petit regard comme ça sur la nutrition de la plante avec quelques idées corollaires. Une question.
Différence entre lumière et chaleur et l'impact d'une chaleur excessive dans la transpiration. Alors la différence entre lumière et chaleur. Ferme les yeux.
Est-ce que t'as froid ? Le rôle de la lumière et de la chaleur sur le développement de la plante. Les deux sont indispensables et quand les deux sont trop, la plante a bien du mal. Surtout la chaleur.
Surtout la chaleur. Là, on viendra, on parlera à un moment ou à un autre. Il n'y a pas un moment où elle arrête de transpirer quand il y a trop de chaleur.
On reviendra à un moment ou à un autre à discuter des essais qu'on a faits en 2015. Parce que 2015, on a eu plein de vignerons qui nous ont appelés en disant qu'est-ce qu'on fait ? Et nous on leur a dit on ne sait pas mais on a plein d'idées, on va essayer plein de trucs. On a mis en place des essais avec différentes plantes, des tisanes.
L'idée pour moi, c'est on a une base que je vais vous décrire de manière assez précise sur l'utilisation des préparations biodynamiques. Parce qu'elle joue sur comment améliorer l'exploration du sol par la plante. Améliorer la densité, la verticalité, le volume racinaire.
Améliorer également les exudats. Donc l'interaction entre sol et plante. Et puis on va avoir... Bon, et la silice qui vient jouer sur la partie aérienne.
Pareil, ça on en discutera bien. Et ça c'est ma base. Comment est-ce que je peux, avec ces préparations, stimuler un système qui fonctionne bien ? Et après, quand j'ai des problèmes spécifiques de ce type là, qu'est-ce que je peux trouver dans des substances assez simples ? Et les plantes sont un monde vaste et probablement, on ne peut pas dire infini, mais quand même pas loin.
Comment est-ce qu'on peut trouver des qualités dans des plantes qui vont aider les plantes dans différentes situations ? Et typiquement, en 2015, on essaye avec différentes plantes, avec différents agencements dans les quantités de telle ou telle plante. Et c'est là qu'on a trouvé des réponses où on a réussi à mettre les plantes en situation de moins souffrir avec des chaleurs excessives et du sec. On y reviendra.
Il me manque 2-3 éléments pour y revenir de manière un peu plus poussée.
Alors, ces problématiques agricoles là, elles amènent un certain nombre d'agriculteurs à chercher comment est-ce qu'on peut faire différemment. C'est-à-dire que vous avez des gens qui voient ces problèmes, vous avez des gens qui sont convaincus qu'on n'est pas dans la bonne manière de faire, mais par contre, ils n'ont pas nécessairement les réponses.
Rudolf Steiner 00:53:14
Et on a une personne, un penseur qui s'appelle Rudolf Steiner. Et Steiner, je vais vous le présenter. Le voici.
Steiner est un penseur très suivi à l'époque. Beaucoup de gens l'écoutent. C'est-à-dire que c'est un homme qui a une carrière de conférencier extrêmement dense.
Il est à l'origine d'un courant de pensée qu'on appelle l'anthroposophie. L'anthroposophie, ça veut dire sagesse de l'homme. C'est quelqu'un qui a un regard particulier sur le monde lié à une manière qu'il a, lui, de se relier au monde, de percevoir les choses.
Je vais vous parler un petit peu de tout ça. Et il a une particularité, c'est que c'est un penseur qui a amené beaucoup de choses dans le domaine du concret. C'est-à-dire qu'à partir de la pensée de Steiner, il n'y a pas que des histoires à se raconter, des trucs à se remuer dans la tête.
Il y a aussi une pédagogie qui donne des écoles qui existent dans beaucoup d'endroits du monde qu'on appelle l'école Waldorf ou l'école Steiner. Vous avez une méthode agricole, la biodynamie. Vous avez des banques qui se basent sur l'idée.
Pour vous donner une idée, Steiner, son idée, c'est que l'argent dans une société, c'est quelque chose qui doit correspondre au sang dans l'organisme. C'est-à-dire que ça permet des échanges, c'est un vecteur d'échanges. Quand ça stagne, c'est problématique.
Est-ce qu'on peut mettre l'argent au service d'une fraternité ? Comment est-ce que l'économie dans une société peut être au service à la fois de l'humain, du culturel ? C'est repenser un fonctionnement. Comment est-ce qu'on peut, dans ce cas-là, agir ? Il y a la partie réflexion, puis il y a la partie on peut mettre en place des établissements bancaires ou des établissements financiers qui fonctionnent sur ces bases-là. Dans les dernières années, on a entendu parler, vous prenez n'importe quelle banque qui vous vende des services éthiques, c'est toujours intéressant d'aller regarder et d'avoir un regard un peu critique.
Vous avez, pour ce qui concerne la France, un organisme qui s'appelle la NEF, Nouvelle Économie Fraternelle. Le point de départ, c'est ça. C'est fondé par des gens sur les bases de la pensée économique de Steiner.
Je ne sais pas si c'est encore le cas, mais pendant très longtemps, le sous-titre ou le logo de la NEF c'était « Pour que l'argent relie les hommes ». Ça donne un positionnement dans le regard sur l'économie. De la même manière, Steiner, quand il parle d'agriculture, va chercher à trouver comment est-ce qu'on peut insérer l'activité agricole dans le respect des cycles du vivant. Comment est-ce qu'on peut venir là-dedans sans... On peut très bien, et on sait très bien faire, une agriculture qui... Si on regarde ce que génère notre interaction agricole avec le monde vivant, dans beaucoup de situations agricoles, c'est une catastrophe.
On bousille les sols, on fragilise les plantes, on a des incidences au niveau environnemental qui sont catastrophiques. Est-ce qu'on peut aussi trouver une manière de faire de l'agriculture où on soit un acteur en positif de notre environnement, améliorer la fertilité, améliorer la qualité, la santé, etc. Donc voilà, ça c'est des choses, et on va retrouver ça également dans le monde de la médecine.
Steiner est à l'origine d'une médecine qu'il appelle une médecine complémentaire. C'est-à-dire que c'est des médecins qui viennent le trouver en lui disant, mais voilà, nous on a un problème. On sait soigner le corps, on sait soigner la dimension physique de l'humain.
Or, ça ne suffit pas à faire un humain. Il n'y a pas que cette dimension physique. Quand vous faites une prise de sang, ça ne vous parle pas de tout ce que vous êtes.
Et Steiner va proposer, il va écrire un bouquin avec une femme qui s'appelle Ita Wegman, qui est docteur, et ensemble ils vont travailler sur les bases. Le bouquin s'appelle Pour un complément à l'art de guérir. Donc c'est des bases pour un complément à l'art de guérir, c'est-à-dire qu'on ne réinvente pas la médecine, on ne réinvente pas la santé, mais on va amener un complément, c'est-à-dire par rapport à ce que propose la médecine de l'époque, on regarde l'humain un peu différemment, avec différents constituants, on va regarder ça tout à l'heure.
Est-ce qu'on peut proposer d'autres aspects pour compléter une base médicale déjà existante ? De la même manière, il va travailler sur une pharmacopée. Est-ce qu'on peut trouver dans notre environnement des substances à partir desquelles on peut sortir un savoir-faire ou un modèle, quelque chose qu'on va pouvoir mettre à disposition de l'organisme ? Ce sont des choses dont on va rediscuter un petit peu dans les deux jours qui viennent. Mais donc Steiner, avant qu'on vienne lui demander de parler d'agriculture, avait déjà amené à des réalisations concrètes dans d'autres domaines au niveau de la vie sociétale.
Donc c'est un penseur qui donne beaucoup de conférences, qui écrit quelques bouquins, qui est très suivi, et avant d'avancer sur Steiner, il faut qu'on regarde un petit peu comment il se positionne par rapport au monde. Mais je suis un peu hésitant parce qu'on n'est pas loin de l'heure d'une pause. Est-ce que vous voulez un café maintenant ? Est-ce qu'on repousse la pause café ? Café, c'est toujours bienvenu, non ? Alors, faisons une petite pause et puis on reprend là-dessus après.
Ça, on va pouvoir profiter d'un paysage bientôt enneigé.
Liens
- BioDynamie Services
- https://www.soin-de-la-terre.org/categorie/autres-thematiques/vincent-masson/
- Source concernant l' anthroposophie anthrowiki.at