Biologisch-dynamische Präparate - Teil 3 von Vincent Masson, 28. Februar 2024

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Biologisch-dynamische Präparate - Teil 3 von Vincent Masson, 28. Februar 2024

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Introduction

Bien. Alors ce matin, j'ai essayé de vous présenter des choses fondées sur du concret. Et mon habitude, c'est de parler de choses concrètes et observables. Cet après-midi, on change complètement d'univers. On va parler d'une piste de recherche, des hypothèses qui mènent à cette recherche et des espoirs de résultats. Donc on n'a pas beaucoup de liens avec le concret là. Mais c'est la base de toutes les nouvelles pistes. Il faut à un moment oser explorer un monde qu'on ne connaît pas.

Régénération de la vigne et sa fragilité

Alors, la régénération de la vigne, c'est quelque chose qui nous concerne pour pas mal de raisons. Si on regarde ce qui est dans une histoire proche, on observe que la vigne, c'est un être qui est très fragilisé, atteint par de plus en plus de maladies et des maladies suffisamment graves pour qu'on parle de dégénérescence. La dégénérescence, c'est un terme qui n'est pas nouveau dans l'histoire des plantes. Dans l'histoire récente. Dans la littérature française, on entend parler de dégénérescence à partir de 1808, non 1805 et on parle de pommes de terre. On commence à parler de dégénérescence pour la vigne, un siècle plus tard, en 1908. Et puis si on regarde ce qui s'est passé entre 1908 et maintenant, il y a une accélération énorme de la fragilité de la vigne.

Monoculture et manque de diversité

Quand on parle de vigne aujourd'hui, on parle en général seulement de vigne. On parle d'une monoculture, on parle d'une plante qui a été extrêmement sélectionnée, extrêmement appauvrie dans sa diversité génétique, extrêmement appauvrie dans la diversité des cultures ou des élevages qui l'entourent dans une ferme. Si on se place il y a un siècle, je ne connais pas de vignobles qui soient purement vignobles. Les fermes ont toutes une diversité de cultures, d'élevages. Il y a toujours des éléments qui viennent se nourrir les uns les autres. Et quand Steiner propose dans la deuxième conférence l'organisme agricole comme une base pour la santé d'une ferme, il parle de quelque chose qui existe encore dans une grande partie du monde, qui va se perdre beaucoup dans les décennies qui suivent. Et je ne pense pas qu'on puisse développer la santé d'une plante dans le cadre d'une monoculture.

Diversification et solutions pour la vigne

Par contre, quand on est dans des situations de monoculture, on peut chercher des éléments de diversité, de diversification qui sont à notre portée. On ne peut pas forcément faire des révolutions tous les jours, mais on peut cheminer tranquillement vers des diversifications. Et pour moi, aujourd'hui, j'ai l'habitude, je parle beaucoup à des vignerons aujourd'hui, mais en France, dans plein de contextes différents et pour moi, aujourd'hui, on cherche des solutions pour la vigne. Les préparations biodynamiques, c'est un truc génial, ça apporte des réponses fantastiques. Le projet de régénération de la vigne, c'est pour travailler sur la plante elle-même.

Contexte économique et climatique

Mais combien d'entre vous transmettront à la génération d'après les vignes qui ne seront que des vignes? A mon avis, pas beaucoup, parce que l'évolution du climat, l'évolution de l'économie, les problématiques de disponibilité en fertilisants organiques, rien que ça. On en est où dans dix ans? Vous avez vu l'évolution de la disponibilité des fertilisants juste en deux ans, comment ça s'est passé? A partir du moment où on a eu le conflit Russie Ukraine qui a éclaté, chez moi, l'engrais chimique, l'azote de synthèse, les ammonitrates, le prix a quadruplé en deux mois. Du coup, les engrais organiques, ça a fait pareil. Sauf que les engrais organiques, il n'y a pas de disponibilité supplémentaire. L'élevage, c'est la partie de l'agriculture qui réduit partout. Donc la problématique de l'autonomie de la fumure, qui est un point clé du cours aux agriculteurs, c'est à mon avis un point extrêmement important de notre avenir proche. Donc on peut essayer de sauver la vigne. Mais un des éléments importants de ce sauvetage, c'est aussi de réintégrer la vigne dans des contextes diversifiés.

Les grandes maladies de la vigne

Alors, qu'est ce qui s'est passé il y a 150 ans? On a eu plein de grandes maladies, des maladies très très efficaces. L'oïdium en 1845, le phylloxéra en 1862, le mildiou en 1878, le Black Rot en 1885. Et à chaque fois, l'histoire nous dit, l'histoire officielle on peut dire, voilà, c'est une maladie qui est arrivée d'Amérique et qui a eu des effets dévastateurs sur le vignoble en Europe. Quand on cherche un petit peu dans l'histoire, on trouve des choses qui ressemblent à l'oïdium bien avant. On retrouve des choses qui ressemblent au mildiou bien avant. Le phylloxéra, on se demande en Bourgogne, il y a un moment, il y a une épidémie de quelque chose qui ressemble vraiment à du phylloxéra. Il faut quelques années pour que le vignoble se reconstruise.

Origine des maladies : nouvelles ou fragilité accrue?

Alors la question c'est est ce que ces maladies sont nouvelles? Ou est ce que la vigne est dans un état de fragilité tel qu'elle devient très réceptive à toutes les problématiques qui lui arrivent? Si on observe l'évolution de la vigne avant ces dates là, on commence à avoir des grands changements dans la pratique de la vigne, de la viticulture. On travaille les sols de plus en plus efficacement. Efficacement, ça veut dire profond. Profond, ça veut dire qu'on change complètement le rapport de la vigne à la nutrition azotée. Ça veut dire qu'on change complètement le rapport de la vigne avec les réseaux mycorhiziens. On perturbe l'équilibre, on perturbe la capacité de la plante à gérer des stockages, des manques, des excès.

Multiplication végétative et dégénérescence

On va commencer à changer la fertilisation. On va commencer, en fait, on va perturber de manière importante toute l'interaction entre la plante, son sol et son contexte. Il y a une autre chose qui est très importante là-dedans, c'est la multiplication végétative. On arrive, quand on arrive dans les années 1800-1850, ça commence à faire longtemps que la vigne, en fait, elle est multipliée, toujours en reprenant un morceau de bois et jamais en prenant une graine. Il y a quelque chose qui est connu dans la botanique. On a cette femme qui est une chercheuse française qui s'appelle Aline Raynal-Roques et dans un de ses livres qu'elle a publié dans les années 90-94, elle montre que toutes les plantes qui sont multipliées uniquement par la voie végétative sont des plantes qui dégénèrent. Et que plus on sélectionne des individus vigoureux pour la reproduction, plus la dégénérescence est rapide.

Plantes concernées par la dégénérescence

Alors cela ne concerne pas que la vigne. Vous avez la pomme de terre, vous avez la fraise. Vous avez les palmiers dattiers, Vous avez les hévéa, vous avez l'olivier. A chaque fois qu'on ne passe pas par la graine, on s'éloigne. On fragilise la plante par rapport à son type initial.

Steiner et la dégénérescence des végétaux

Petit rappel : 1924, le cours aux agriculteurs, un dénommé Steiner qui vient répondre à des inquiétudes sur les problématiques agricoles du moment. Et dans les inquiétudes, il y a la dégénérescence des végétaux. Est ce qu'on peut amener des réponses à cette dégénérescence des végétaux? Et tous les gens qui travaillent sur des plantes annuelles ou bisannuelles, peu importe, ils vont pouvoir travailler au travers de la semence.

Adaptation des plantes par la semence

Chaque génération va pouvoir travailler sur l'adaptation. On va pouvoir essayer d'amener la plante vers des critères de sélection qui nous paraissent intéressants. Et les plantes pérennes, les plantes qui ne passent pas, c'est pas les plantes pérennes en général, mais les plantes qui ne passent pas par la graine, eh bien, ce cheminement, il a été, il n'a pas vraiment existé ou pas beaucoup.

Steiner et l'américanisation

On a aussi un petit point dans le cours aux agriculteurs où Steiner parle de l'américanisation. Alors là, il faut mélanger deux choses. Il y a le cours aux agriculteurs de 1924, et puis il y a les cours aux ouvriers qu'on appelle les cours sur les abeilles. Parce qu'il raconte aux ouvriers qui construisent le premier Goetheanum que quand on amène pour nourrir les abeilles, on amène des trèfles américains. C'est beaucoup plus productif, mais ça n'a qu'un temps, ça ne dure pas. On va faire des boosts de productivité puis on va avoir des effondrements après. Et quand il parle de la vigne, il dit ah ouais, en fait le problème, une partie du problème, c'est qu'on a été obligé d’américaniser tout le vignoble.

La généralisation de la greffe

Donc ça, c'est aussi une partie de la problématique actuelle. On a décidé de généraliser la greffe. Donc on a vu là une première étape de fragilisation qui concerne avant la greffe. Et puis on a une deuxième étape qui concerne, à partir de la greffe. A partir de la greffe, c'est un constat qui n'est pas très gai donc j'essaye de le faire court, à partir de la greffe, je pense que l'événement majeur, c'est que les vignerons perdent le contrôle de la reproduction de leur plante.

Perte de contrôle de la reproduction

Toute l'agriculture, elle est basée sur une association de la production et de la reproduction. Si vous voulez agir sur l'avenir, si vous voulez travailler au fil du temps, vous avez besoin des générations. Et en élevage comme en culture végétale, la phase de la reproduction, elle est déterminante parce que c'est là on peut travailler sur les critères de sélection, c'est là qu'on peut modifier, c'est là qu'on peut faire évoluer. A partir du moment où on enlève à la profession viticole la reproduction, on perd le pouvoir, on perd le pouvoir d'orienter l'avenir de la vigne. Vous vous rendez compte que vous êtes une profession qui a accepté de se faire démunir de cette partie-là? Pour moi c'est quelque chose, il faut réfléchir à ça.

Repenser la reproduction des jeunes plants

On ne sortira pas des problématiques de la vigne si on ne peut pas, nous, décider de ce qu'on fait aussi avec les jeunes plants. Si vous faites de la biodynamie, je ne connais pas et je m'en excuse, la situation dans votre pays. Je peux parler de la situation que je connais bien en France. En France, si je suis vigneron en biodynamie, quand je veux planter des vignes, j'achète du conventionnel. Il y a quelques personnes qui arrivent à faire un peu bio mais un peu bio, ce n'est pas bio. Parce qu'il y a des réglementations qui imposent certains traitements.

Problématiques de la pépinière

Ça veut dire que vous, quand vous avez des jeunes plants qui arrivent sur vos domaines, eh bien vous avez besoin de commencer l'éducation à la bio, à la biodynamie, mais sur des plants qui ne sont plus des petits enfants, on n’éduque pas un adolescent. On rappelle à un adolescent des éléments d'éducation qu'il a eus au préalable. Donc là, on a un truc extrêmement important à travailler. Ce n’est pas de l'action immédiate, on ne peut pas faire ça maintenant, c'est qu'est ce qu'on fait pour l'avenir? Le travail en pépinière, c'est des conditions en général catastrophiques au niveau agronomique. Je ne connais pas de pépiniériste qui fasse un travail convenable sur le plan de l'agronomie.

Conditions de culture des jeunes plants

Les conditions sont également catastrophiques sur le plan des produits de synthèse, énormément de fertilisants, énormément de produits en contrepartie, pesticides de toutes sortes. Vous rajoutez à ça des hormones de croissance, de bouturage, vous rajoutez un peu tout ce qu'on n'a pas envie de voir quand, quand on a envie d'être fier de ce qu'on fait avec du végétal. Et donc nos plants, ils viennent de là. C'est un problème majeur, mais ça, il y a de l'espoir que ça change. Les réglementations européennes montrent des ouvertures vers des évolutions à ce niveau-là.

Greffe et crise phylloxérique

Par contre, on reste sur du plant qui a été greffé. Alors greffé, au moment de la crise phylloxérique, tout le monde n'était pas d'accord. Il y en a qui pensaient que le greffage, c'était la solution pour sauver le vignoble. Et puis il y en a qui pensaient que c'était vraiment une solution catastrophique. On a un gars en France qui s'appelle Lucien Daniel, c'est un botaniste, c'est un spécialiste de l'arboriculture fruitière et le gouvernement lui demande de travailler sur la question de la greffe comme réponse à la crise phylloxérique.

L'avis de Lucien Daniel sur la greffe

Et Lucien Daniel écrit un livre en quatre tomes. C'est autour de 1905. Dans lequel il donne sa réponse et sa réponse. C'est non. La greffe, ça va être une catastrophe pour la vigne. On va avoir des explosions, des phénomènes d'esca, on va dégrader la qualité du vin, on va accentuer tous les problèmes qu'on connaît au niveau de la vigne aujourd'hui. Ce n'est pas lui qui a raison, c'est pas les gens qui sont de ce côté-là, qui ont ce point de vue-là, qui gagnent. Ceux qui gagnent, c'est les américanistes, c'est ceux qui pensent que le porte-greffe américain va pouvoir être la solution.

La question du phylloxéra

Alors je pense qu'on a tous appris la même chose à peu près, c'est à dire que le phylloxéra a détruit le vignoble et qu'il n'y avait pas d'autre solution. Explorez l'histoire locale, explorez l'histoire locale près de chez vous, à d'autres endroits et regardez quel est le pourcentage du vignoble qui a été réellement détruit par le phylloxéra et quel est le pourcentage du vignoble qui a été arraché pour être remplacé par des greffés soudés, par des greffes avant d'être abîmé par le phylloxéra?

Destruction du vignoble par le phylloxéra

Alors oui, il y a des régions où c'est une destruction complète par le phylloxéra. Je prends le cas du Jura français : 20 000 hectares de vignes à l'époque, 200 hectares morts du phylloxéra, obligation administrative d'arrachage pour remplacer. Est-ce qu'on connaît dans l'histoire de la botanique une plante qui a été, qui a disparu suite à l'apparition d'un nouveau parasite? Je n'en connais pas. Peut-être ça existe, moi je n'en connais pas. On a toujours des évolutions avec il y a des parades qui se mettent en place. Soit parce que de nouveaux insectes arrivent, de nouveaux prédateurs, soit parce que la plante est capable de développer des mécanismes de défense.

Possibilité de vigne en franc de pied

Avec le phylloxéra et la vigne, on n'a pas laissé le temps de voir si quelque chose pouvait se produire. Donc la question c'est : est-ce qu'on aurait pu continuer à avoir de la vigne en franc de pied? Est-ce qu'on peut retenter la vigne en franc de pied? Alors si on écoute là encore le discours classique, c'est impossible d'avoir des vignes en franc de pied, sauf dans des contextes de sols très particuliers. Mais il y a quelques années, en 2017, Georg était à la maison. On a fait un congrès sur la régénération de la vigne. Il y avait 70 personnes à peu près. Et puis les gens venaient de toutes les régions viticoles françaises. Et puis il y avait sept, huit pays différents qui étaient là.

Observation de vignes en franc de pied

Et quand on a demandé qui connait des vignes en franc de pied dans son environnement, des gens de toutes les régions ont levé la main et la majorité était sur des argilo calcaires. Et elles ne sont pas bouffées par le phylloxéra. Donc il y a des exceptions partout. Alors il y a peut-être des pistes à creuser. Le seul problème aujourd'hui, si je veux tenter de faire du franc de pied, je vais me baser sur du végétal qui a subi un siècle et demi, ou bien, on va dire, plus d'un siècle de reproduction et de culture dans des situations assez catastrophiques. Je pense que la vigne telle qu'on la connaît aujourd'hui, elle est fragilisée par les quelques générations qui viennent de se passer où on a un travail de pépinière qui n'est pas bon, où on a un travail de viticulture qui est rarement bon.

Sélection de la vigne et fragilisation

Alors, je ne mets pas en cause votre travail, mais sur quoi on a sélectionné la vigne dans toute la première partie des années 1900 ? Sur la vigueur, sur la productivité. On ne peut pas choisir en même temps la productivité et la santé, la robustesse. Donc, même si on est reparti assez tôt sur des bons critères, il y a eu un laps de temps pendant lequel on a quand même usé la vigne, on a abîmé ce qu'elle portait comme bagage. Alors la question c'est qu'est-ce qu'on peut faire avec tout ça? Quelles sont les pistes?

Pistes explorées par la recherche

Alors vous avez les pistes qui sont : les pistes les plus explorées sont celles qui peuvent amener à des brevets. Voilà, pour faire très simple, très direct, les pistes explorées sont celles où on a une perspective, les chercheurs ont des perspectives de s'associer avec des entreprises et de gagner des sous en vendant des plants. C'est ce qu'on a fait en fait depuis. En France, quand on a commencé à greffer, les vignerons ont commencé à devoir acheter leurs plants. Et puis, très rapidement, on a mis en place un système administratif où si vous voulez avoir des aides pour planter vos parcelles, ça marche uniquement si vous prenez des plants qui sont validés par l’ENTAV INRA c'est un organisme qui a développé les clones et comme ça on a poussé le monde viticole à planter des clones.

Clones et réduction de la diversité génétique

Parce que si vous vouliez planter autre chose que des clones, c'était 100 % à votre charge. Si vous plantez des clones, alors on va vous aider. Donc on a modelé très rapidement, on a modelé, et puis les clones, vous savez comment c'est arrivé? On est arrivé très rapidement à, enfin ce que je veux dire, c'est qu'avec les clones, on a réduit la diversité génétique d'une manière absolument incroyable. Et dans le monde des clones, vous utilisez le 161-49 dans vos vignes ou pas? En porte-greffes ? 161-49 ? Oui ? en Bourgogne, il y a quelques années, on a eu des phénomènes de dégénérescence sur le 161-49. Partout ? Alors on a parlé avec les pépiniéristes. Moi, j'ai Guillaume qui est venu à la maison. Guillaume c'est 10 % du marché français en plants de vignes c'est pas mal.

Problème de la diversité génétique des clones

Et puis on dit alors qu'est ce qui se passe? Il me dit on a peut-être fait une erreur, on a deux têtes de clones. Tout le 161-49 qui existe, il y a deux têtes de clones. Ça veut dire pas de diversité génétique, ça veut dire aucune solidité. Mais ça, ils l'ont fait, ils savaient ce qu'ils faisaient. Donc voilà, la problématique clonale, elle est importante. Est-ce qu'on peut repartir de clones pour essayer de régénérer? Je ne pense pas. Est-ce qu'on peut refaire des sélections massales à partir de clones? C'est un peu triste, mais je pense que dans certaines situations, on n'a pas le choix. Il y a encore des endroits où on a de la ressource génétique.

Approches modernes de la recherche

Donc aujourd'hui, ce que propose la recherche, les pistes qu'elle explore, c'est des situations où on travaille en laboratoire sur on va à l'intérieur de la plante, on va faire de la biologie moléculaire là-dedans et puis on va essayer de bidouiller. Je ne sais pas si on traduit bidouiller. Et on va essayer de trouver des choses à peu près stables et avec des critères à peu près cohérents. Le seul truc qui est sûr avec ces choses-là, c'est qu'il y aura des brevets déposés et c'est que ça va générer du revenu pour les gens qui vont le faire. Est-ce que les vignerons vont trouver là-dedans du qualitatif et du fiable dans la durée? Rien n'est acquis là-dedans.

Réflexion sur l'avenir de la vigne

Nous, on s'est dit Bon, si on veut travailler pour la vigne, déjà, on s'est demandé est-ce qu'on veut travailler pour la vigne? C'est quand même la vigne. On a de multiples raisons d'avoir envie de continuer à avoir des vignerons, à avoir du vin, à avoir cette culture et ces plaisirs. Et puis dans cette notion de culture et de plaisir, moi je suis un enfant de la Bourgogne. J'ai appris à déguster avec le pinot noir et avec le Chardonnay. Et je n'ai pas très envie de finir ma vie quand ça sera l'heure en buvant des trucs que je connais pas. J'aime le pinot noir et le Chardonnay. J'aime plein d'autres cépages.

Exploration des pistes de rajeunissement

Mais on s'est dit est-ce qu'on arrive à retrouver, à ramener des phénomènes de rajeunissement, des phénomènes de régénération dans les cépages actuels? Je ne pense pas que l'avenir soit à une fuite en avant. On ne résout pas les problèmes du présent en essayant de trouver toujours des nouveautés. Il y a aussi des choses qu'il faut explorer. Alors si on écoute cette dame. Il faut qu'il y ait un processus de graines, un passage par la graine, une germination pour que la plante puisse se régénérer.

Problème de régénération par la graine

Pour la vigne, c'est compliqué parce que si on passe par la graine, les chances de retrouver le phénotype d'origine, elles sont minimes. Et puis les gens, il y a des gens qui ont exploré cette piste là. Vous avez Elisabetta Foradorien Italie par exemple, on a Guy Bossard en France, il y a quelques personnes qui ont travaillé là-dessus et les résultats ne sont pas probants. Il y a toujours l'espoir d'arriver quelque part, mais pour l'instant, Elisabetta, ça fait une quinzaine d'années je pense, que les semis sont en place et la productivité, la stabilité, rien est acquis.

Pistes profitables pour les vignerons

Est-ce qu'on peut trouver des pistes qui soient directement profitables aux gens qui ont besoin de gagner leur vie à la fin de l'année avec du vin? Et alors on a cherché. On avait déjà un peu l'idée que Steiner proposait beaucoup de choses intéressantes, qu'il n'était pas trop fou et qu'il avait vu plein de choses. Dans ce qu'il raconte, il y a un point qui est super intéressant, c'est tout ce qu'il va nous raconter sur le chaos.

Alors, Le chaos, j'imagine que vous savez plein de choses là-dessus. On est dans la deuxième conférence du cours aux agriculteurs et Steiner nous parle de la graine et nous dit dans la graine, il se passe (Est-ce que les couleurs sont visibles?) Quand on a une plante, elle va à un moment donné former une graine. Cette graine, une fois dans le sol, va germer.

La chaotisation de la graine et de la germination

Et là, Steiner nous parle de ce chaos, en disant on a une première phase de chaotisation qui se passe dans la formation de la graine, une deuxième phase qui se passe dans la germination. Et si on veut définir le chaos, c'est le moment où la substance perd sa forme. Quand une substance perd sa forme, dans une phase intermédiaire, il y a un processus qui est en train de se passer, alors à ce moment-là, elle s'ouvre, elle devient réceptive à des influences qui viennent de la périphérie, à des influences extérieures.

Dans la formation de la graine, dans le monde végétal, vous avez deux possibilités : vous avez ce qu'on appelle la mitose et la méiose. Et ce sont des processus de fusion cellulaire. Dans une graine, la plante, elle va mettre d'une part sa génétique et il y a le bagage génétique des deux plantes mère. La génétique, c'est l'histoire longue.

Et puis il y a l'épigénétique. L'épigénétique, il y a huit dix ans, quand vous en parliez à des chercheurs très sérieux, des instituts de recherche, ils vous disent non, c'est un terme qu'on ne peut pas utiliser et aujourd'hui, tout le monde l'utilise. C'est super, ça s'appelle l'évolution, la science est en évolution constante.

L'épigénétique, c'est ce que la plante a appris au fil d'un temps récent et qu'elle est capable de transmettre à sa graine. Et ça va être du coup transmis à la génération d'après. Mais la vigne est capable de faire de l'épigénétique, c'est à dire qu'on observe que c'est des chercheurs de l’INRAE de Colmar qui ont montré ça.

L'adaptation des vignes grâce à l'épigénétique

Les vignes en biodynamie, elles sont capables de modifier l'expression de leur génome et de développer des meilleures résistances au stress, que ce soit les stress climatiques ou bien les stress liés à des pathogènes. Et ça, ils l'expliquent comme une modification épigénétique. Donc on a quand même des choses qui sont possibles. Mais au niveau de la graine, la plante qui a vécu des événements variés dans une saison va être capable de faire bénéficier de ses apprentissages la génération suivante.

Cette phase de chaotisation permet que la graine s'imprègne de ces éléments-là. Donc génétique, histoire longue, épigénétique, histoire courte. Et puis dans la germination, deuxième phase de chaos. Et là, si je suis sélectionneur de semences, si je me dis mais moi je veux faire évoluer ma semence pour qu'elle soit mieux adaptée à mon lieu, à mes projets, à une évolution du climat, à plein de choses.

Importance du contexte pour la germination

Le contexte dans lequel je fais germer ma graine est très important. Quel type de sol? Quel type de fumure? D'où vient la fumure? Est-ce que je vais utiliser des préparations biodynamiques? Là, on peut considérer que, et on est toujours dans la deuxième conférence, L'animal. Un animal de biodynamiste, donc on a mis une vache. Mon père disait Fais attention, il faut que les pieds touchent le sol.

Quand Steiner nous parle de l'analyse cosmique qualitative, vous savez à la fin de la deuxième conférence, il dit l'animal, il est indispensable parce qu'il n'y a que lui qui peut adapter au lieu, au travers de sa fumure. Le bovin, c'est simplement le plus perfectionné. C'est l'animal qui a le plus perfectionné son système digestif. C'est pour ça qu'il nous intéresse.

Rôle des bovins et de la fumure en biodynamie

Le bovin, c'est un être qui est capable de transformer une matière pas très intéressante en une fertilité incroyable. Et personne ne fait mieux que lui dans le monde. C'est lui le meilleur spécialiste. C'est pour ça qu'on est toujours à parler de bovins et dans sa relation à la digestion et dans sa relation au paysage, le bovin, il a des cornes. Les cornes, elles sont intimement liées à la digestion.

Alors normalement, si vous n'êtes pas partis en courant quand on vous a parlé de biodynamie, c'est que vous étiez prêts à accepter un peu cette idée-là. Regardez un truc hyper simple. Pensez aux vaches, les races de vaches que vous connaissez, qui viennent d'endroits très fertiles, où l'herbe est abondante et riche. Chez nous, c’est des endroits où on fait du beurre, où on fait de la crème, où on fait des fromages crémeux, les cornes sont toutes petites. Je n'ai pas besoin de mobiliser beaucoup de forces digestives pour transformer l'aliment.

Et puis regardez les vaches qui vivent dans des endroits où elles mangent de la broussaille, où ce qui est ingéré comme aliment, ça demande un gros travail de dégradation. Plus vous allez dans cette direction et plus les cornes sont volumineuses. L'amplitude, le volume intérieur d'une corne, Il est lié aux forces qui sont à mobiliser pour digérer. La corne, c'est une extension des sinus. Ça veut dire que tout ce qui arrive dans la zone des sinus, ça va jusque dans la corne.

Influence de la corne dans la digestion et la fumure

Et là Steiner nous dit la corne, c'est un organe où on renvoie vers l'intérieur, on concentre et tout ce qui arrive dans les cornes est renvoyé et vient imprégner ce qui se passe dans la digestion. Donc on le retrouve dans la fumure. Qu'est-ce qui se retrouve dans la corne? Alors mon animal, il a mangé de l'herbe. J'ai le bol alimentaire qui est digéré, qui est ruminé. J'ai la salive qui est générée dans cette, dans ce processus là, j'ai les gaz qui sont issus de la digestion.

J'ai les forces qui sont libérées par la digestion. Les forces éthériques contenues dans les plantes, les forces astrales libérées par l'activité de l'animal éthérique et astral, libérées par l'activité de l'animal. Les forces d'individualisation qui ne sont pas utilisées par l'animal, elles aussi, elles sont dans ce jeu-là. Et on retrouve tout ça dans la fumure. Cet aspect des forces, Steiner, il nous le décrit, il décrit une vision directe. Il nous dit regardez, ça se passe comme ça.

Adaptation du paysage par l'animal

Il nous dit si vous pouviez être à l'intérieur du ventre d'une vache pendant qu'elle digère, vous verriez ceci, cela, cela. Et pourquoi il nous dit que la vache enfin que l'animal est capable d'adapter au travers de sa fumure au paysage dans lequel il vit et, nous dit l'animal, il peut amener par sa fumure des éléments qui compensent les déséquilibres du lieu dans lequel il vit.

Moi quand je sors dehors, j'ai toujours des préoccupations. J'ai envie de boire un café, j'ai envie de discuter avec quelqu'un, je dois réfléchir à tel truc. Mais une vache qui passe la plus grande partie de l'année dehors, elle n'a pas à se soucier de ces choses là. Tous ses organes de perception sont ouverts sur ce dans quoi elle vit et donc elle est imprégnée complètement par les sons, les odeurs, les ambiances, l'air.

Perception sensorielle de la vache et influence sur la fumure

Elle vit dans son milieu et au travers des sinus, elle a un organe d’olfaction qui est phénoménal. Qu'est-ce qu'on fait, nous, avec les sinus? La rétro-olfaction. Dégustation en cave ou n'importe où. Dans les sinus, on a une perception extrêmement fine, plus fine que ce qu'on a par l'olfaction. Et la vache, elle a un, si vous avez déjà vu des coupes de crânes de bovins, la vache, elle a des sinus volumineux et dans la corne on a une extension de ça. Plus l'animal vieillit et plus l'os qui est dans la corne se creuse. S'il y en a qui veulent regarder ces choses-là à la pause, je vous sortirai des choses comme ça. Sur une vache un peu moins vieille, sur une vache un peu plus vieille. J'en sortirai d'autres tout à l'heure.

Chaotisation dans la digestion et la fumure

Et donc toute cette inspiration de l'environnement va venir, là aussi, ces ambiances vont venir au travers de l'olfaction, puis des sinus, de la corne, être repoussées, renvoyées et imprégnées, ce qui se fait dans la digestion. On va retrouver dans la bouse la mise en relation que l'animal fait avec son environnement. Donc dans la corne, j'ai à la fois la concentration de ce qui vient de l'intérieur de l'animal et de la rencontre de l'animal avec son environnement.

Et on était en train de parler de chaos. Dans la digestion il se passe une chaotisation. Dans la digestion, tout ce qui est ingéré comme aliment s'est dégradé complètement. Vous mangez de la protéine à 12 h, vous n'avez plus de protéine telle que vous l'avez ingérée. Une fois que c'est digéré, vous avez transformé, ce que vous gardez pour vous, vous l'avez transformé. Moi, une protéine ou n'importe quel aliment extérieur, si je ne l'ai pas complètement transformé, il faut que ça reparte, sinon c'est pathogène.

Donc j'ai ici un phénomène de chaos. J'ai un phénomène de chaos dans la formation de la graine. J'ai un phénomène de chaos dans la germination, j'ai un phénomène de chaos dans la digestion. Ça veut dire que ma bouse elle est aussi le résultat d'un endroit où l'influence des informations, des senteurs, des ce qu'on veut, les forces qui viennent de la périphérie ont pu venir se lier à la matière.

Le chaos dans le compost et la dynamisation

Et quand je fais un compost et que j'y mets mes 6 préparations. Qu'est ce que vous avez dans le compost? De nouveau, j'ai un phénomène de chaotisation puisque j'ai une première étape de dégradation de la substance, puis une deuxième étape de recombinaison. J'ai aussi un chaos, j'ai aussi un moment où ça vient se mettre en lien avec l'environnement. Quand vous dynamisez, vous avez également le chaos, on en a suffisamment parlé ce matin. Mais ici, j'ai le chaos, pendant 1 h des enchaînements de chaos. On dynamisme en extérieur, toujours on dynamise en extérieur. Encore plus si on fait avec une machine, parce qu'on a besoin de compenser d'autres forces. Mais là aussi, j’ai des choses qui viennent de la périphérie.

Alors ma graine, elle va germer dans un environnement de sol, de climat, de contexte, de contexte parce que vous avez aménagé votre paysage, parce que vous avez géré votre organisme agricole pour que la diversité qu'il constitue permette un état de santé au sein de la ferme. Et en plus de s'ouvrir à tout ça, ma graine, elle va aller chercher un petit peu plus loin dans ce que Steiner appelle l'archétype. Et ça, c'est quelque chose qui se trouve très très loin. Il nous parle là des étoiles lointaines. Parce qu’il ne faut pas oublier que tout ça se déroule dans un contexte.

Le lien entre l'archétype et la germination

Là, je vous parle des faits, des choses assez proches, des choses assez proches. Mais on peut, si on veut dresser ici un tableau suffisamment complet, il nous faut le soleil, il nous faut des étoiles, il nous faut des planètes. Et tout ça, c'est simplement l'environnement rythmique dans lequel on évolue. Mais Steiner nous dit la plante, l'archétype de la plante se situe dans le monde des étoiles lointaines. Ça veut dire le point d'origine, ça veut dire le point d'identité. Et quand la plante passe par cette phase de germination, alors là, elle est capable de se relier à son archétype, d'aller rechercher en se reliant, en retissant ce lien avec l'archétype à un moment donné, de rafraîchir la mémoire qu'elle a d'elle-même, de retrouver son identité d'origine. Et ça, c'est quelque chose qui nous est précieux si on veut essayer de trouver comment est-ce qu'on peut avancer avec la vigne.

Avancer avec la vigne sans passer par la graine

Alors maintenant, je vais avancer avec la vigne, mais je ne veux pas passer par la graine. Mais par contre, je voudrais bien avoir ça, là, ça, cette phase de chaotisation de la graine, à mon avis, si je veux amener une plante d'un moment à un autre moment dans le futur, en la faisant évoluer, j'ai besoin de ça. Alors je la trouve où la graine?

On a une petite idée très précieuse qui est proposée par Steiner. Quand vous avez un arbre, vous avez avec le tronc et avec les branches quelque chose de la nature d'un sol surélevé. Ça vous dit quelque chose? Et puis ce qui fait la jonction entre mes pousses annuelles et puis ce qui se passe dans les racines, c'est ce qu'on appelle le cambium. Le cambium il nous dit bah en fait, c'est un petit peu comme une bouillie de racines, comme si toutes les plantes qui poussent sur une branche mélangeaient leurs racines. Intéressant.

La vision de la science moderne

Mais alors que dit la science, notre belle science moderne de tout ça? On a un botaniste qui s'appelle Francis Hallé et c'est un observateur extraordinaire des forêts. Et Francis Hallé, il y a une quinzaine d'années, il disait peut être qu'on peut considérer une branche comme une colonie de plantes annuelles. Mais il disait attention, ce n'est qu'une hypothèse. On ne peut pas affirmer ça. Mais lui, il avait observé dans des grands arbres, dans les forêts tropicales, dans les forêts primaires en fait, il avait observé qu'entre un rameau ici, un là et un là, on pouvait avoir des variations génétiques. Alors il a commencé à se dire peut être que ces différentes plantes en fait, comment pousse votre arbre?

L'arbre comme colonie

Mon arbre, il ne pousse pas par ici, hein. Mon arbre, il pousse comme ça. La photosynthèse des feuilles constitue de la substance. Et cette substance se dépose progressivement dans le tronc de l'arbre et puis dans le sol, par tout ce qui est exsudé vers le sol. En fait, une plante, une plante, ça densifie le cosmos. Une plante, ça densifie l'impalpable, la chaleur, la lumière, les rythmes du soleil, les rythmes qui nous environnent. Et puis le carbone, et puis l'azote, l'oxygène, l'hydrogène. Vous avez avec une plante un être qui est capable de fabriquer de la substance à partir de l'impalpable. C'est un truc magnifique.

Et puis maintenant Francis Hallé, il parle de la même chose, mais il dit maintenant Ah oui, oui, en fait, une branche, c'est une colonie. L'arbre est un être coloniaire. Super évolution. Alors si mon arbre est une colonie, ça veut dire que les différents rameaux que j'ai sur une branche, ou si on parle d'une vigne les différents sarments, eh bien si on les considère comme des pousses annuelles avec leurs racines dans le cambium, dans ce cas, qu'est ce que c'est le bourgeon? Ce n'est pas une graine, mais ce n'est pas loin d'être la graine.

La graine et la reproduction végétale

En tout cas, on va dans cette tendance là. Une graine la plante dans une graine, elle met juste assez d'idée pour reproduire une plante à l'identique. Vous avez remarqué qu'un pissenlit, ça donne pas une laitue. Et elle met juste assez de nutriments pour que ça démarre. Et quand ça germe ici là, j'ai d'abord une petite racine qui sort et ensuite un petit germe. Et il y a juste assez d'amidon dans un grain de blé pour qu'il soit autonome le temps de pouvoir se nourrir par lui-même.

Avec un bourgeon, je n'ai pas ça parce qu'avec un bourgeon, je reste relié à la plante mère, donc c'est elle qui va assurer la nutrition et du coup elle assure aussi la stabilité. Ma génétique reste la même, même si je peux avoir des petites évolutions. Alors maintenant, si je veux mettre tout ça ensemble, on peut aller chercher un autre petit truc chez Steiner.

Le semis d'œil et l'exemple de la pomme de terre

Quelqu'un lui pose la question pour les pommes de terre. Je vous ai dit qu'on parle de dégénérescence de la pomme de terre dans la littérature en français en tout cas en 1805. Quelqu'un va voir Steiner dans les discussions qui sont rapportées qu'il a eues avec des agriculteurs et lui dit Mais voilà qu'est ce qu'on peut faire pour la pomme de terre? Prenez un œil. Si vous prenez votre pomme de terre, là vous allez prendre juste un bourgeon, vous prenez un couteau pointu et vous faites juste un truc comme ça, et vous allez planter ça et vous faites un semi d'œil.

Et il dit Faites comme ça et puis vous verrez, avec plusieurs générations, ça devrait faire quelque chose d'intéressant. Lily Kolisko dont on a parlé tout à l'heure, elle essaye. Vous trouvez dans le livre de Kolisko, c'est pas très long, ça prend deux pages, mais il y a deux pages dans lesquelles elle donne les résultats de ces essais avec les semis d’œil. Semis d’œil comparé à du semis de pommes de terre, elle montre que la première génération issue d'un semis d’œil en terme de rendement, c'est nul.

L'évolution des rendements avec le semis d'œil

Par contre, elle prend quand même des yeux sur cette première génération qu'elle ressème et alors là, elle a des rendements extraordinaires et un état de santé qu'elle n'a pas dans les autres plants. Donc cette idée du semis d’œil, elle a peut-être un truc très intéressant. Bon en gros, pour en arriver aux faits, on s'est dit bon, on peut essayer dans ce cas-là de prendre uniquement l'œil de vigne, de lui garder le moins possible de bois pour qu'il y ait juste assez de nutrition pour qu'il démarre, mais que le plus vite possible, il rentre dans une phase d'autonomie.

Expérimenter le semis de bourgeon

La question qui se pose à ce moment-là, c'est est-ce que si je fais mon semis de bourgeon, ça veut dire en gros on prend un morceau de sarment avec un œil, on enlève ça on garde quelque chose de tout petit. Est-ce que si je mets ça en condition de germer, est-ce que j'ai mon chaos qui se produit ou pas là? On en sait rien. On tente le coup. Est ce que si j'arrive à faire subir ça à la plante, je vais pouvoir avoir ce lien à l'archétype?

En fait, c'est seulement ça qui m'intéresse, moi. Ce n'est pas vrai, ce n'est pas seulement ça. Je veux aussi faire une nouvelle plante dans le contexte où elle va vivre. Je veux la faire dans le contexte d'un sol qui est en biodynamie, mais un sol en biodynamie, avec les résultats que je vous ai montrés ce matin. Pas une biodynamie de rigolo, une biodynamie où on voit du résultat.

La démarche pour les vignerons

Donc je veux travailler sur une plante qui elle-même connaît la biodynamie. Si possible, qui a encore une relation à la génétique diversifiée, c'est-à-dire pas un truc qui a été trop abîmé au fil du temps. Mais c'est une démarche, la démarche dont je vais vous parler maintenant, qui est une démarche qu'on propose pour les vignerons à faire sur les domaines et qui n’est pas à déléguer à un pépiniériste.

On a des pépiniéristes qui sont venus nous voir et qui ont dit c'est super votre truc. On veut bien essayer. On leur a dit Ok, si vous essayez, c'est uniquement pour faire avancer le processus, pour faire avancer la connaissance. Par contre, jamais un vigneron viendra vous acheter un plant issu de ça. C'est fait pour se faire dans un organisme agricole ou au moins dans un organisme viticole.

Créer des conditions optimales pour la plante

Alors on veut un sol qui soit contaminé, il faut qu'il y ait un peu de mildiou là-dedans, il faut qu'il y ait un peu de, on a fait de l'élevage de phylloxéra pour être sûr qu'il y en avait là où on faisait pousser nos plants. Donc, quand vous avez des vignerons qui viennent vous voir et que vous leur dites je te fais visiter mon élevage de phylloxéra?, il y a une espèce de peur qui s'installe et une envie de se laver les mains, les pieds, tout.

Parce que ce qui m'intéresse là, c'est que ce chaos, s’il permet à la graine de se mettre en relation avec son environnement, c'est là qu'on peut provoquer, en tout cas, c'est ce qu'on espère, des mutations somatiques positives. C'est-à-dire le moment où la plante, elle, est capable de développer une adaptation à ce qu'elle a en face d'elle.

La répétition sur plusieurs générations

Donc j'ai besoin que mes pathogènes connus soient présents. Après, on sait aussi que ça ne se passe pas en une seule fois, que si on doit arriver à quelque chose avec ça, il faudra que ce soit répété sur plusieurs générations. Donc une vigne qui donne, enfin une vigne qui sort, qui est issue d'un semis d’œil de première génération, il faut qu'on fasse une deuxième génération à partir de ce semis d’œil. De ce nouveau semis d’œil, encore une génération et là on ne sait pas pendant combien de temps il va falloir aller.

L'origine de la démarche

Donc voilà, vous avez l'idée. Maintenant, on peut commencer la conférence. Non mais vous avez l'idée en gros et c'est un travail, la réflexion sur ce travail-là, elle a commencé en 2000 avec des vignerons, avec des gens issus du monde de la biodynamie. Ce qui avait provoqué ce démarrage, c'était le problème de la flavescence dorée. Parce que là, les vignerons se sont sentis vraiment coincés.

Qu'est-ce qu'on fait en fait avec ce type de maladie? Les réponses qu'on a proposées pour la flavescence dorée ne sont pas du tout satisfaisantes, ni sur comment ça répond à la maladie, ni sur comment on comprend la maladie, ni comment on comprend sa transmission. Il y avait rien de cohérent.

Développement des essais de semis d'œil

Donc là ils se sont dit ok, en fait ça c'est la dégénérescence qui devient trop importante et c'est là qu'il faut qu'on trouve, qu'on mène une réflexion sur l'amont, la qualité de la plante elle-même, la santé de la plante elle-même. Et puis nous, chez nous, il y a des vignerons qui ont fait des petits essais de semis d’œil et chez nous, on a commencé à faire des essais sérieux à partir de 2012. Et le but du jeu, c'était d'arriver simplement à un protocole, un mode opératoire que les vignerons puissent mettre en œuvre chez eux.

Favoriser l'immunité des plants

Je fais une petite parenthèse. Parce que là je suis parti directement sur le semis d’œil. Mais si on veut déjà essayer de voir ce qu'on peut faire sans aller dans une piste aussi aléatoire que le semis d’œil, pour travailler avec des plants sur lesquels on puisse essayer de favoriser une immunité, c'est pareil. Immunité dans le monde du végétal, il y a quelques années, les chercheurs nous disaient on ne peut pas utiliser ce terme-là. Puis là, on commence à faire des publications qui parlent d'immunité végétale. J'adore voir les évolutions de la science et surtout les évolutions du vocabulaire.

Sélection massale et patience en agriculture

Il faut réapprendre à faire des sélections massales. Il faut réapprendre à sélectionner des plants au fil du temps. La plupart des gens qui me parlent de sélections massales aujourd'hui, ils les font sur deux ou trois ans. Mais ça ne marche pas. Il faut le temps, on ne peut pas. Je pense que faire de l'agriculture et être pressé, je ne suis pas sûr que ça marche bien ensemble en fait. Si on veut continuer à greffer, il faut travailler sur la qualité de la greffe.

L'importance des pépinières privées

Et là, ça pose la question des greffes en place. Les T-bud, les Chip-bud par exemple. On peut imaginer des conditions de pépinières qui soient correctes. On a de plus en plus des vignerons qui se lancent dans la pépinière privée : faire eux-mêmes et ça leur permet de choisir un peu les critères, en particulier sur comment on fertilise. Est-ce qu'on utilise des hormones ou pas? Comment on gère les traitements ou comment on utilise des préparations biodynamiques, etc. Et relocaliser là-dedans, je pense que c'est un élément fondamental.

Le semis d'œil comme démarche de régénération

Donc on peut rester à des étapes qui sont adaptables au fonctionnement actuel, juste en regardant ces aspects-là. Et le semis d’œil pour moi, c'est une manière d'aller plus loin, c'est-à-dire le semis d’œil c'est non, je ne fais pas qu'améliorer les conditions du moment, j'essaye de régénérer réellement.

Le rôle du contexte

Alors il y a une idée qui est celle du contexte, travailler dans le contexte. C'est pour ça que je vous disais ça ne peut pas être un travail délégué à des pépiniéristes. Et le contexte, ça veut dire je veux profiter de ça, je veux profiter de mon animal qui digère dans un environnement et qui adapte une fumure à un environnement. Je veux profiter du choix des fumiers qui vont constituer mon compost. Parce que vous savez que selon les qualités de fumure des différents types d'animaux, vous allez pouvoir orienter l'évolution de vos sols.

Réflexions sur les plants américains

Ça, c'est des choses qui sont observables. Ça demande un peu plus de temps que le travail avec les préparations, mais on envoie des sols qu'on modifie par le choix judicieux des composts. Est-ce qu'on arrive à se passer de la partie américaine du plant? Ça, je ne développe pas ça, mais il y a entre les indications de Steiner à l'origine. Alors c'est malheureusement qu'en français, mais mon père avait écrit tout un article sur les plantes américaines. Qu'est-ce qui se passe quand on amène des plantes du continent américain? Qu'est-ce qui se passe quand on amène des animaux du continent américain? Qu'est-ce qui se passe quand on prend des animaux européens, qu'on les sélectionne en Amérique, qu'on les ramène?

Exemple de la vache Frisonne

Vous savez que la vache Frisonne elle a donné la Prim’Holstein. La vache Frisonne était une vache laitière normale, sympathique, robuste. On l’a emmenée en Amérique du Nord.

On l’a sélectionnée quelques décennies là-bas, elle est revenue comme une usine à lait. Donc, qu'est-ce que vous faites quand vous mettez des vignes, des vitis vinifera, des vignes européennes sur des porte-greffes américains? Le porte-greffe américain, il a une puissance phénoménale. Il est capable de prendre de l'eau, de prendre des nutriments. C'est un sportif de haut niveau. Et à côté, moi je lui mets une plante qui n'a pas du tout la même capacité. Vous imaginez que moi, là, vous me greffiez des jambes de sportif, mais je n'ai pas le système cardiaque ni le système pulmonaire qui vont avec. Donc en trois enjambées, je peux traverser la vallée, mais je suis épuisé avant.

Et nous, nos vignes, elles ont ça. Alors est-ce qu'on peut se passer de la greffe? Ben c'est là qu'on ne peut pas se contenter de ce qu'il y avait sur la diapo d'avant. C'est là que si on veut se passer de la greffe, il faut revenir à une régénération. Les pratiques biodynamiques, pour moi, c'est une évidence je pense que je n'ai pas besoin de vous expliquer pourquoi.

Régénérer la vigne et les rythmes planétaires

Alors, ce qu'on peut faire dans ces cas-là, je pense avoir posé à peu près les éléments de contexte. On peut rajouter un élément. Steiner dans la première conférence du cours, il dit pour les plantes, alors il dit pour les plantes qui font de l'écorce. Ça, c'est les termes qu'il utilise pour dire les plantes pérennes. Il dit celles-là, si on veut agir dessus, c'est les rythmes des planètes lointaines qui peuvent être utilisés. Si je le traduis dans une manière légèrement provocante, ça veut dire la vigne se fiche des rythmes lunaires. Elle n’est pas concernée, ça va beaucoup trop vite pour elle. Voilà, ça, c'est ma manière d'interpréter.

Mais si on essaie de creuser un petit peu, on se dit ah ouais, Mars, Jupiter et Saturne. Quels seraient les rythmes intéressants pour régénérer la vigne? Qu'est-ce qu'on peut mobiliser dans ces mouvements rythmiques qui nous aident? Alors nous, on s’est dit, c'est les mouvements ascendants. Alors on a essayé de trouver les moments où ces trois planètes sont ascendantes. Voilà, je peux juste pour le clin d'œil, mettre cette image de ces planètes lointaines. Et donc les moments où ces trois planètes sont ascendantes, on s'est dit mais là c'est peut-être le moment où il faut donner l'impulsion de départ de la régénération.

Expérimenter la régénération par semis d'œil

Alors on a fait un cumul pour voir quels sont les moments et on a eu des moments. Vous voyez les dates, là, il ne reste pas grand-chose. Vous avez jusqu'au 5 septembre 2024 si vous voulez faire quelque chose. C'est compliqué parce qu'il fallait déjà sélectionner des bois avant, il fallait les prélever. À mon avis, ça vaut le coup de prendre des bois sur les vignes qu'on estime intéressantes et puis de les mettre en terre directement pour les faire raciner. En fait, vous générez un franc de pied et c'est sur ce franc de pied qu'on va prendre les bourgeons.

On a simplement fait des essais de semis d’œil. Pardon, il faut que je vous montre quand je parle de semis d’œil. Voilà, ça, c'est le type de, ça c’est l'élément qu'on met en terre, là-haut, début de la coupe de la pousse, et une première idée de ce qui va se développer comme système racinaire. Et ce bourgeon-là, s'il vient déjà d'un franc de pied, ben nous, on s'est rendu compte qu'il faisait beaucoup plus de racines que quand on prenait ce bourgeon-là sur un pied greffé.

Perte du savoir raciner des vignes greffées

Est-ce que, à force d'être greffée génération après génération, est-ce que la vigne, elle perd le savoir raciner? Je n'ai pas de réponse. J'ai des questions. En fait, on a comme dans tout ce qui est passionnant dans la vie, plus vous avancez dans un truc comme ça, plus vous avez de questions. On a fait un essai aussi comme ça, pour regarder qu'est-ce qui se passe au niveau racinaire entre de la bouture à trois yeux et des boutures d’œil?

Bouture à 3 yeux et bouture d’œil

Bouture à 3 yeux et bouture d’œil? C'est fait en même temps. Vous avez vu la différence de racinaire? Alors là, ça donne envie de continuer quoi. On a vu qu'on avait des racinaires copieux, rapides. Alors si on veut faire un petit panorama rapide de la pratique. J'espère ne rien avoir oublié dans les éléments de contexte importants. On a vu pas mal de petites choses. Déjà le semis d’œil, on ne l'a pas inventé. Il existe dans la littérature arboricole depuis bien longtemps. Ici, voyez, c'est dessiné dans un livre qui est un atlas d’arboriculture fruitière qui date de 1964, mais on l'a trouvé dans d'autres livres plus anciens et dans certains livres, on nous dit Ah, si vous voulez régénérer la vigne, il faudra passer par le semis d’œil. Donc il y en a d'autres qui avaient eu l'idée avant. On n'est pas des inventeurs.

La réalisation des boutures

La réalisation des boutures. Je peux vous montrer quelques images. On va faire. Alors on a essayé plein de choses. Tout ce que je vous montre là, c'est les tentatives qu'on a faites pour arriver à quelque chose qui fonctionne. Alors, on voulait le moins possible de bois, mais quand on est ici, il n'y en a pas assez. Là, c'est trop, on ne veut pas. Et on est arrivés finalement, voilà, je pense que l'image parle : le moins possible, mais juste assez pour que ça démarre.

La méthode de plantation

Après moi je vous ai dit ce matin quand on plante une vigne, on est content de lui mettre un badigeon. On est content de la mettre directement dans un environnement très très proche, directement contre la racine, avec de la bouse de vache, avec de l'argile, avec de la 500 P. Donc là on fait un petit pralinage pareil et puis on plante. Et là il faut rassembler les éléments pour que ça pousse. Alors c'est pas simple parce que là c'est très très fragile.

Choix de la terre et préparation du terreau

Quelle terre ?En général, si je veux faire ça de manière facile, je prends des terreaux avec de la tourbe qui ont une bonne rétention en eau. On choisit des trucs tout faits. Nous, on s'est dit alors on veut de la terrede l'endroit où ça va pousser, qui soit bien en présence des maladies de la vigne, on veut de la fumure locale, mais pas trop de fumure. Si je booste trop sur la jeunesse d'une plante, je vais la fragiliser. Donc un peu de fumure pour avoir le local et de l'animal du coup, mais pas trop. Un peu de sable. Voir les essais de Kolisko sur des plantes qui poussent avec ou sans sable. Voilà tout un tas de choses et on est arrivé à une manière de préparer notre terreau.

Conditions de croissance

Et puis après, il faut faire pousser tout ça. Alors il ne faut pas que ça sèche, il ne faut pas que ça ait trop chaud, il ne faut pas que ça soit trop humide. Donc on a cherché des méthodes d'arrosage, des méthodes qui permettent d'entretenir l'humidité suffisamment. Et petit à petit, on est arrivé à avoir des choses qui marchaient bien. On a fait des essais aussi pour voir, vous savez, dans les sélectionneurs de semences en biodynamie. Peut-être qu'il y en a parmi vous qui connaissent le seigle, Schmidt ? Schmidt père et fils, c'était des sélectionneurs et ils ont trouvé plein de trucs intéressants. Par exemple que dans un épi, si je prends des graines de la base de l'épi, des graines du milieu ou des graines du haut de l'épi, je n'ai pas les mêmes qualités. Les graines de la base de l'épi, elles vont me donner plutôt des plantes qui sont vigoureuses et productives, mais fragiles. Les graines du haut de l'épi, elles sont bien moins fragiles, mais par contre c'est plus maigre.

Essais sur le sarment

Alors nous on s’est dit bien est ce qu'on a la même logique dans un sarment? Bah faut essayer. Bon, on essaye. Alors on plante des yeux comme ça depuis le bas du sarment jusqu'en haut. On n'a pas trouvé de conclusion. Peut-être qu'il faut continuer là-dedans ?

Utilisation de pots forestiers

Après, on a eu le problème que ces racines, quand elles commencent à pousser, très vite ça prend de la place. Et donc on est parti sur des pots, ce qu'on appelle des pots forestiers. Pratiques parce qu'il y a suffisamment de, un peu plus de profondeur, ça s'ouvre et du coup on arrive à replanter de manière assez facile.

Plantation en pépinière sans traitements

Et puis après on va planter ces vignes, on se fait une petite pépinière et bien sûr, ces vignes ne reçoivent aucun traitement, rien d'autre que les préparations biodynamiques. Jamais de cuivre, jamais de soufre.ça, c'est en fin de saison 2016. C'est pas très joli, mais par contre, toutes les vignes adultes qu'il y avait dans les environs, elles n’ont plus une seule feuille et là il y en a. Alors c'est quand même on dirait pas en le voyant comme ça, mais en fait ça c'est une photo encourageante. Parce que malgré une saison difficile, un été difficile, eh bien j’aigardé du feuillage, j’aicontinué à fonctionner.

Résultats des semis d’yeux en 2023

Après, il y a des vignes, il y a des plants issus de ces vignes là qui ont été mis dans des parcelles de vignes. Et puis ils ont continué à pousser. Donc ça, c'est les semis d’yeux du mois de juin 2015, puis ça, c'est en septembre 2023. Ils sont là dans une parcelle et ils donnent du raisin. Alors. Voilà, on a des jolies baies, on est sur des Chardonnay. Et si vous avez déjà goûté des vins issus de francde pied, si vous avez déjà constaté l'intensité, la puissance des caractéristiques du cépage et du goût, on a la même chose là-dedans.

Inquiétudes initiales et satisfaction

C'était une grande inquiétude. La première inquiétude, c'était est-ce que ça va donner des fruits? Et est-ce que ça va être fidèle au cépage d'origine? Donc ça donne des fruits. C'est fidèle au cépage d'origine et avec cette intensité, avec ce ... Ouf...Grande satisfaction. Et là, on est que sur des premières générations, première ou deuxième génération selon. Donc il y a encore plein de boulot à faire pour la suite.

Robustesse des vignes

On ne sait pas aujourd'hui si la réponse par rapport à la robustesse, elle va être là. Ca, il faut du temps. Mais déjà ça fait des fruits. Alors voilà, je peux vous montrer un petit peu rapidement quelques images. Ça c'était la comparaison entre des semis d’oeil issus de plants greffés et les semis d’oeil issus de plants non greffés. Les racines, c'est pas pareil.

Élaboration du protocole

Alors. Un petit élément supplémentaire qui est important si vous voulez faire ça. Parce qu'en fait, le but du jeu, c'était d'arriver à un protocole, maintenant on l’a, c'est que nous, on est arrivé sur des quantités qui sont entre 400 et 500 semis d’oeil avec 80 à 85 % de réussite chaque année. A partir de là, on s'est dit c'est bon, le protocole, il est bon, il est pour vous, à vous de continuer le boulot, nous on arrête.

Importance du travail sous serre

Une chose importante, c'est si vous faites ce travail-là sous serre, vous vous facilitez la vie, parce que vous créez les conditions que vous voulez. Mais si vous travaillez sous serre, vous n'avez pas la possibilité pour la plante d'avoir des mutations somatiques positives. Ça, c'est la NASA qui a travaillé là-dessus. Ils ont vu que si on amenait des plantes sur la lune ou dans des navettes spatiales, en fait, elles ne pouvaient pas muter, elles ne pouvaient pas évoluer parce qu'elles ne sont pas soumises aux UV. Ça veut dire que ce processus-là, il doit se faire en extérieur.

Combinaison de culture intérieure et extérieure

Est-ce qu'on peut se dire qu'on le fait une fois de temps en temps en extérieur, une fois de temps en temps en intérieur ? Parce qu'on a des copains qui ont travaillé là-dessus en serre et ils vont beaucoup plus vite que nous. Moi ; au bout d'un an, les bois, ils sont à peu près comme ça, en tout cas pas plus. Mais quand je suis sous serre, j'ai des bois qui peuvent être comme ça. Alors ça, c'est intéressant parce que ma deuxième génération, je peux la faire tout de suite. Donc, est ce qu'on peut cumuler les deux? Voilà, ça, c'est encore des choses à explorer.

Ressources et traduction du livre

Les moments de prélèvement, il y a plein, plein de détails, on n’a pas besoin d'en parler maintenant. Mais si le sujet vous intéresse, il faut trouver quelqu'un qui traduise. On en a fait un livre Régénération des plantes pérennes, Le cas de la vigne, problématique et pistes de travail. Et donc là-dedans, il y a tous les éléments de départ qui nous ont amenés à former ces hypothèses. Et puis après il y a tous les éléments pratiques. Donc voilà si quelqu'un a envie de le traduire, bienvenue.

Processus saisonnier de culture

Je peux vous montrer encore. Alors on peut se faire un petit tour vite fait dans une saison On prépare nos semis d’oeil. On fait notre pralin. On plante. Et puis on a trouvé que pour que ça pousse bien, pour que nous on a un peu de confort et eux surtout on a enterré nos semis d’oeil, ils sèchent moins dans la période d'été. Et puis en dessous de là où il y a les bacs, là où vous voyez ces bacs-là, en dessous, il y a une grosse épaisseur de sable.

Gestion des racines et du sol

Parce que quoi que vous fassiez, entre le semis qui se fait au moment où la végétation démarre en fait, on est courant avril en général plutôt tard, plutôt fin avril,  entre ce moment là et puis juillet où on va les transplanter, les racines elles sont comme ça et du coup on fait beaucoup de dégâts au niveau des racines et ça, je pense que c'est une catastrophe. Donc mettre beaucoup de sable en dessous, ça permet de récupérer les racines en  les abîmant un petit peu moins. Voilà. Système d'arrosage automatique pour éviter la problématique commune de l'erreur humaine.

Transplantation en pleine terre

Ça pousse. Et puis on va les transplanter. On va les mettre en pleine terre. Donc là, vous voyez, le 29 juillet, préparation du repiquage. On prépare de l'ombre. Il ne faut pas que ça brûle au soleil, c'est tout fragile. Et voilà un petit peu ce qu'on observe au niveau des racines.

Développement racinaire prometteur

Donc on était sur des choses qui ont été plantées en début de saison. Je n'ai pas retenu la date. C'est le 26 mai qu'on a fait les semis cette année-là. Donc le 26 mai, entre le 26 mai et puis le 29 juillet, le 4 août pardon ici, vous voyez quand même le type de racines qui se sont développées. C'est assez prometteur parce que vous avez vraiment un bon développement racinaire.

Méthode de transplantation et anecdote

Alors. 4 août 2020 c'est pour montrer comment on fait la transplantation, ça va vous donner un petit peu des images complémentaires à ce que je viens de vous raconter. Le but, c'est de faire des choses faciles à faire. On fait donc la plantation à la masse. (À la masse, c’était une blague c'est pas grave c’était une blague.) Avec un petit arrosage par goutte à goutte, qui nous permet d'avoir un entretien de l'humidité facile, facile à gérer.

Accessibilité pour les vignerons

Donc en fait, quand on est arrivé à ce stade-là, eh bien, on estime que tous les vignerons qui ont envie de le faire, ils peuvent. Les manières de faire sont assez précises et assez simples pour que ce soit faisable sur les domaines.

Documentation disponible en ligne

Sur ce site internet, il y a toute la documentation, il y a le livre d'ailleurs qui est accessible et il y a toute la documentation qui permet de nourrir et la réflexion et la pratique au niveau de ce sujet -à. Voilà, si ça vous intéresse, tout est dispo alors c'est tout en français par contre. Voilà sur le site internet, ça ressemble à ça.

Hypothèses de travail et expérimentations en cours

Alors, ce qu'on peut dire par rapport à tout ça, je reprends ce que je vous disais au début, tout ça c'est des hypothèses de travail. C'est des expérimentations qui sont en cours. On ne sait pas si ça va marcher ou pas. Je pense que si on veut faire ça sur les domaines, ça demande quand même beaucoup de soins. Nous, on a essayé de simplifier le travail, mais le soin, je ne pense pas que les personnes actives sur un domaine puissent l'avoir.

Rôle des anciens dans l'agriculture

Regardez comment était structurées les fermes dans un passé pas si lointain. Quel est le rôle des anciens? La génération d'avant, quand elle a passé le relais du travail du quotidien, elle s'occupe du tri des semences, de la domestication des jeunes animaux. Elle s'occupe de la greffe. En fait, tout ce qui, dans la vie d'un domaine agricole, nous emmène vers la génération d'après, qui nous emmène vers l'avenir. Eh bien, c'est la génération des anciens qui s'en occupe . Et je ne sais pas comment va évoluer notre société. Je crois que les questions sont nombreuses à ce sujet-là. Le rapprochement des générations, peut-être qu'il a une place dans l'avenir et en tout cas, je pense que cet aspect-là, si on veut qu'il soit fait avec un soin, avec un suivi suffisant, c'est la génération des anciens, c'est la génération des retraités qui peut prendre la charge de ces choses-là. Et à partir de là, peut être qu'on peut imaginer planter un jour des vignes qui seront issues d'une régénération locale autonome. L'indépendance retrouvée du vigneron par rapport à son plant de vigne.

Réflexions sur l'expérimentation

Comme toute expérimentation, on ne sait pas où ça nous mène. On a un homme qui nous a dit une toute petite phrase extraordinaire. Il a eu toute une vie extraordinaire. Lui, c'est Nelson Mandela. Et il a dit Mais moi, en fait, je perds jamais. Soit je gagne, soit j'apprends. Et je pense que les cheminements d’essais comme ça. Ils mènent aussi à ça. Est-ce qu'on arrive au but qu'on espérait au début? On en sait rien. En tout cas aujourd'hui on en sait rien. Par contre, ça a été passionnant, ça a fédéré beaucoup de gens. Il y a beaucoup de gens dans plein de régions différentes qui se sont amusés ensemble, qui sont excités sur la même idée. J'entends ici et là, encore ce matin-là, quelqu'un est venu me dire Mais moi j'ai essayé ça quand j'en ai entendu parler. Donc voilà, il y a pas mal d'endroits où ça se fait. A un moment donné, on a eu un réseau assez actif. Il y avait à peu près 110 vignerons qui suivaient quelques échanges sur Internet. Puis après c'est un peu retombé. Peut-être qu'un jour ça reviendra.

Espoirs pour l'avenir et phénomènes cosmiques

Je me dis aujourd'hui, on n'a plus avec nous les moments cosmiques dont je vous ai parlé au début, dont je vous ai parlé tout à l'heure, les phénomènes de planètes ascendantes. C'est des moments qui vont devenir trop rares. Pendant les dernières années, on a essayé d'activer les choses pour profiter de ces moments-là, parce qu'il y en avait pas mal dans les années qui sont passées, mais c'était l'hypothèse que ça, ça valait le coup. On peut aussi travailler avec l'hypothèse que ça tant pis si la chance est passée, il y a d'autres choses qui jouent quand même. Et donc, est-ce que ça va finir par se lancer? Est-ce qu'on va avoir ici et là des résultats assez encourageants pour stimuler la mise en place de nouveaux essais? Voilà, ça, ça reste des espoirs aujourd'hui et on verra bien où ça va nous mener. Voilà ce que je pouvais vous dire par rapport à ce sujet là. On a encore un peu de temps si vous voulez qu'on discute, mais en attendant, merci d'avoir écouté.

Perspectives sur la régénération des plants

[CM2]  Alors. Pour moi, dans le meilleur des cas, on arrive à un plant régénéré qui peut pousser en franc de pied sans greffe. Ca c'est mon espoir. Si on arrive à ça, on oublie la greffe. Si ce n'est pas suffisant, si ça ne va pas assez loin ou si ça ne va pas assez vite. Est-ce qu'on peut utiliser des plants de ce type-là pour faire un porte greffe et greffer dessus les cépages qu'on connaît? Pourquoi pas? Et si on doit greffer comme ça, on a tout intérêt à le faire en T-bud ou en Chip-bud. On pourrait aussi imaginer autre chose. On peut imaginer faire du semis de pépins, qu'on utilise comme porte greffe. Pourquoi pas? Parce qu'avec le semis de pépins, on ira peut-être plus vite pour obtenir des résistances. Donc ça, ça fait partie effectivement des hypothèses ouvertes et des choses qu'on peut s'amuser à, qu'on peut tenter.

Discussion sur les porte-greffes

Ça m'a l'air un peu hypocrite, mais comparé à l'autre, c'est gentil, mais il y a autre chose[CM3] . Encore une question. Comparé le travail avec le T-bud, si vous faites le semis d’oeil, le matériel génétique de la plante mère est encore là. On peut voir : le Chardonnay reste un chardonnay, mais il a ses propres racines, c'est ça? Tant qu'on garde les porte greffes actuels, tant qu’on garde les porte greffes actuels, on reste sur des porte greffes américains. Donc tout le problème de l'américanisation reste présent. Deuxième chose, tant qu'on garde les portes greffes américaines, on reste sur une pauvreté génétique extraordinaire. Le nombre de porte greffes qui sont réellement utilisés en Europe est inférieur à douze aujourd'hui. Je ne sais pas si on cherche les vraiment plus utilisés, on doit être à quatre, cinq, cinq, six. Donc l'érosion de la diversité génétique, c'est une catastrophe. Et ça pour moi, l'idée c'est sortir de là, revenir vers,  rediversifier la génétique.

Importance de la diversité génétique

Je peux rajouter un tout petit truc. Quand on cherche des variétés de semences anciennes, les réseaux de semences paysannes, ils cherchent à retrouver les variétés anciennes et à les sauvegarder. On ne cherche pas à les sauvegarder pour les reproduire à l'identique, on cherche à les sauvegarder parce que ça va permettre de faire évoluer les plantes qui ont été moins abîmées par la sélection des dernières décennies. Et ça également dans le choix des plants qu'on va utiliser, il faut regarder ça. Qu'est-ce qui a été moins abîmé dans les dernières décennies? Qu'est-ce qu'on a envie d'utiliser pour faire ces évolutions? Et les porte greffes par rapport à ça ne me paraissent pas intéressants. Si on y arrive, j'aimerais bien qu'on s'en passe[CM4] .

Avancer vers le futur

Je crois que c’est vraiment très très important parce que c’est pour tout type de sélections, assez souvent il y a une tendance à ce qu’on essaie de maintenir des vieilles sortes. Ce n’est pas ce qu’on veut. Quand on parle avec les sélecteurs et les pépinièristes biodynamiques, on souligne encore une fois, on veut avoir une base pour développer le futur.  Et c'est très important. Il ne s'agit pas de maintenir quelque chose d'ancien, sinon d'avancer vers le futur. C'est juste pour commenter, pour dire la même chose. Merci. Il [CM5] s’agit aussi de corriger les erreurs qui ont été faites au cours des dernières années. Il voulait juste souligner le fait parce que assez souvent on comprend pas, on essaie de revenir en arrière et ce que beaucoup de gens croient. C'est ce qu’il  voulait rajouter.

Questions sur les semis de pépins

Je [CM6]  ne suis pas sûre avoir compris. Quand je plante quelque chose et que j'achète quelque chose chez les pépiniéristes,  Et après, je prends la graine et je sème la graine directement. Ça ne fonctionne pas. Ça ne fonctionnerait pas  parce que la graine porte aussi les gênes de la plante mère et la graine est donc traumatisée, tout aussi comme la plante mère. Est-ce que c'est ça le problème avec la graine? Non. Le problème, c'est que dans la manière dont la vigne se reproduit, si on sème une graine, si je prends un cépage et que je sème une graine. En tout cas, c'est ce qu'on apprend, on ne sait pas si c'est vrai.  Mais c'est qu'on a une chance sur 10 000 de retrouver le type d'origine. Je ne suis pas sûr que ce soit une indication fiable. Le 1 sur 10 000. Ce dont je suis sûr, c'est que quand on fait des semis de pépins, on a beaucoup d'incertitudes sur le type de la plante qu'on va avoir, sur le fait qu'elle va ou non donner des fruits et à quoi ils vont ressembler. Et pour moi, ça, ça nous fait avancer dans trop d'incertitudes pour se dire c'est une piste pour un travail pratique.

Choix de ne pas explorer les semis de pépins

Nous en fait le semis de pépins, c'est quelque chose qu'on a décidé de ne pas explorer. Il y a d'autres gens qui le font, alors on n'est pas obligés de tous faire la même chose. Par contre, si on veut faire comme tu disais, un travail pour générer des porte greffes, là on n'a pas la problématique du fruit, on n'a pas la problématique du type, etc. Ça peut être d'autres, d'autres pistes. Eh bien, à vous de jouer. Si ça vous intéresse, on vous donne toute l’info.


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